La preuve par l’expérimentation : Oui, le revenu de base est un levier économique !

La question sur le financement, le « coût » du revenu de base est récurrente et, si elle est bien sûr pertinente et éminemment politique puisqu’elle induit des projets de société différents, elle est souvent biaisée.

D’abord parce que la plupart des versions s’appuient sur une redistribution de certaines aides ou impôts et donc le coût total « oublie » un financement déjà à l’œuvre, et ensuite parce qu’un revenu de base est un investissement dont les externalités positives ne sont plus à démontrer, ne serait-ce que sur le plan purement économique, en termes de flux comme d’activités.

D’ailleurs, Ugo Gentilini, économiste à la Banque mondiale, rappelle que des transferts monétaires réguliers ont des effets multiplicateurs et que « l’injection d’un dollar génère entre 1,27 à 2,60 dollars dans l’économie locale. » Ce scientifique estime que l’on dispose d’ores et déjà « de preuves scientifiques solides que les gens utilisent cet argent de manière très avisée et productive ». C’est donc à ses yeux « un véritable investissement, qui ne rend pas les gens paresseux. Bien au contraire ».

D’abord, le revenu de base permet des économies sociétales

La pauvreté, la précarité et leurs conséquences pèsent fortement sur les dépenses publiques : santé, criminalité, fraude … et tout leur cortège de contrôle et de punition.

L’expérience de Londres est partie de l’évaluation du coût pour la société des « externalités négatives » liées aux sans-abri (en termes de santé, de dégradations…) qui a été divisé par 8 grâce au procédé tout simple de confier l’argent directement aux personnes, avec confiance et sans condition (50 000 /an, incluant les salaires des travailleurs sociaux). Les expérimentations en France « Territoires zéro chômeurs longue durée », menées par ATD Quart Monde partent du même réinvestissement des coûts.

En Namibie, la baisse de 42 % de la criminalité (-43 % pour les vols de bétail, -20 % pour les autres vols) ou aux USA (baisse des problèmes de comportement, -40 %, de la criminalité, diminution des délits commis par les jeunes, chute de l'abus d'alcool et de drogues, accompagnée d’une amélioration de l’éducation parentale) laissent présager de sérieuses économies en termes de sécurité intérieure, de justice comme de répression.

La pandémie, les périodes de confinement, la fermeture de certaines activités … ont montré les failles de notre système et précarisé de nombreuses personnes, notamment des artisans, petits commerçants ou TPE et PME en général.

Des aides sont arrivées, tardivement et insuffisamment pour beaucoup, et le fait qu’elles soient ciblées implique des dossiers, des critères qui créent des injustices et une insécurité parfois fatale, tant pour l’individu que pour son entreprise.

On qualifie souvent l’artisanat comme « première entreprise de France », toute une économie à court et long terme avec des services et des compétences essentielles, ce sont des individus qui ont besoin d’être soutenus et sécurisés, de façon efficace et rapide, donc inconditionnelle.

Le revenu de base est un soutien, et même un appel d’air pour entreprendre !

L’impact économique de cet outil a largement été étudié et documenté dans les diverses expérimentations passées ou en cours.

Nous y voyons que l’activité économique a surtout profité du lancement de nombreuses initiatives, de micro-entreprises qui ont boosté la masse monétaire et haussé le revenu moyen par habitant : l’exemple de la Namibie est particulièrement frappant : sur une période de seulement 2 ans, les 930 habitants d’un village ont reçu l’équivalent de 10 euros par mois, montant suffisant pour vivre… et on a constaté une hausse de 300 % de la masse monétaire, au-delà des versements eux-mêmes, soit + 29 % de revenu/habitant, corrélée à une baisse du chômage de 45 à 60 %, dues à la mise en place de micro-entreprises qui ont relocalisé l’activité !

Idem en Ouganda (où les jeunes ont +60 % de chances d’être embauchés avec en général +50 % de revenu au-delà de l’aide), en Alaska ou au Kenya.

Quant à l’Inde, l’expérience n’a duré que 18 mois avec un versement insuffisant pour vivre, sur 5500 personnes réparties sur 8 villages… pourtant, l'activité a été multipliée par 2, les relations de travail se sont améliorées, l’épargne a triplé et les familles ont payé leurs dettes (comme en Alaska et en Allemagne)

De même, l’investissement dans l’outil de travail a offert une certaine autonomie, d’abord individuelle pour lancer une activité, puis collective grâce à certains services qui sont réapparus dans les territoires et qui ont fluidifié les échanges (transport, petits commerces…), au Kenya ou en Ouganda ; en Allemagne, l’achat d'une imprimante 3D mise à disposition des voisins…

Un revenu de base permet donc non seulement de stimuler l’entreprenariat puisque les personnes peuvent risquer une activité sans attendre qu’un patron les embauche à un taux et un nombre d’heures suffisants pour vivre, mais aussi en renflouant directement l’économie réelle avec des liquidités qui permettent d’investir, même dans des activités non rentables a priori comme le soin ou l’éducation… tout en donnant plus de pouvoir d’achat à ceux qui en ont le plus besoin (nous avons vu, dans notre article contre la pauvreté que la consommation était plutôt vertueuse économiquement et écologiquement : https://www.revenudebase.info/actualites/revenu-de-base-outil-contre-pauvrete/)..)

La plus-value d’un financement en monnaie locale citoyenne

Le versement en monnaie locale citoyenne stimule particulièrement l’économie locale, sociale et solidaire. Rappelons qu’il s’agit d’une monnaie indexée sur l’euro mais qui circule dans un périmètre restreint, déterminé par les citoyens (selon une charte qui précise des critères géographique, social et écologique) Voir le site du mouvement SOL https://sol-monnaies-locales.org/. Vous trouverez sur le site aussi les initiatives lancées pendant la pandémie.

Dans le village Tera, en France, les habitants ont construit un écosystème alliant revenu de base et monnaie citoyenne : ils dégagent des revenus au niveau du seuil de pauvreté (856€ net), garanti pendant 3 ans dont 85 % en monnaie locale. Chacun choisit librement son activité donc ils créent des emplois et redynamisent l’économie de ce territoire rural … et ils goûtent déjà une meilleure cohésion sociale ! Frédéric Bosqué explique les liens fructueux entre le revenu de base et les monnaies complémentaires ici : https://www.youtube.com/watch?v=aMGFIdJG7lQ

A plus grande échelle, la Corée du Sud expérimente depuis 2020 le versement à 170 000 jeunes de 24 ans d’une région, l’équivalent de 190 euros par trimestre. Malgré un montant insuffisant pour vivre, 80,6% des jeunes sont satisfaits, surtout ceux qui n'ont pas d'emploi ou qui sont étudiants et qui peuvent ainsi avoir une vie sociale. Les petits commerçants de la région sont aussi soutenus par l’initiative car elle relocalise les dépenses des jeunes qui ne peuvent pas utiliser cette monnaie dans les supermarchés. D’ailleurs, selon une enquête réalisée en juin 2020, près de la moitié des Sud-Coréens serait favorable à la généralisation d’un revenu de base et le porteur du projet, gouverneur de la province, est devenu l’un des favoris pour l’élection présidentielle de 2022.

Les mots ont toute leur importance alors, sachant tout cela, ne parlons plus de « coût », mais d’  « investissement » en parlant du revenu de base.

Retrouvez la carte des expérimentations passées et en cours sur https://framacarte.org/fr/map/experimentations-de-revenu-de-base_58126#6/51.000/2.000

Et vous ? Lanceriez-vous votre entreprise avec un revenu de base ?

Ou vous aurait-il permis de sauver la vôtre pendant la pandémie ?

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