Dans l’ombre des machines et de l’automatisation, le paysage du travail subit une transformation profonde. Inspiré par les visions de Jeremy Rifkin et André Gorz, cet article explore l’évolution du travail à travers des moments clés et sa redéfinition au XIXè siècle.

Depuis la parution de La fin du travail (Ed. La découverte, 1997) préfacé par Michel Rocard, il est difficile d’explorer la question du travail sans se référer à l’analyse perspicace de Jeremy Rifkin, un penseur américain incontournable. Quelques extraits de ses idées renforcent notre compréhension du déclin du travail.

« À présent, revenons au grand bouleversement social et politique qui a marqué les États-Unis au milieu du XXe siècle.L’histoire commence au sud de la ligne Mason-Dixon, à Claksdale, dans le Mississippi, le 2 octobre 1944, le jour où une foule de 3 000 personnes découvrit, sidérée, une nouvelle machine : une cueilleuse de coton mécanique.En une heure, la machine récoltait 1 000 livres de coton-graine, alors qu’un récolteur arrivait à 20 livres. Vingt-huit ans plus tard, en 1972, 100 % du coton était récolté à la machine. Peu après la seconde Guerre mondiale, on commença à traiter les champs de coton avec des défiolants chimiques, ce qui priva les travailleurs noirs – successivement esclaves, avant la guerre de Sécession, puis métayers – du travail qui consistait à enlever les mauvaises herbes. »

Cette histoire soulève une question cruciale qui résonne toujours en Europe aujourd’hui : fallait-il s’opposer à la mécanisation pour préserver les emplois de cueilleurs ? Rifkin nous emmène également dans le secteur manufacturier, notant les faits suivants :

« De 1957 à 1964, la production manufacturière a doublé de volume aux Etats-Unis, alors que le nombre de cols bleu a diminué de 3 %, à cause de l’automatisation de la production. »

Avec Jeremy Rifkin et André Gorz, il apparaît évident que nous faisons face à un problème fondamental, comme le souligne Gorz dans “Bâtir le civilisation du temps libéré” (éd. Les Liens Qui Libèrent) :

«un problème de fond : que doit être une société dans laquelle le travail à temps plein de tous les citoyens n’est plus nécessaire, ni économiquement utile ? Quelles priorités autres qu’économiques doit-elle se donner ? Comment doit-elle si prendre pour que les gains de productivité, les économies de temps de travail profitent à tout le monde ?

L’aspiration à l’otium du peuple, au temps libre, est clairement exprimée par ces penseurs. Cependant, dans le contexte actuel de la concurrence mondiale et de l’obsession de la croissance, l’automatisation dans la production ne se traduit pas nécessairement par une augmentation des loisirs. Au contraire, elle contribue souvent à la croissance du nombre de personnes inemployables…

Il devient évident que dans certains modèles productifs, les humains se retrouvent en concurrence directe avec les robots, mettant ainsi en lumière la prédiction de Norbert Wiener qui voyait la machine prendre en charge des compétences humaines.

Nous sommes donc confrontés à une nouvelle ère, où il est impératif de repenser le rôle du travail dans la société.