L’institut de sondage et de conseil Ipsos vient de publier une étude concernant le revenu de base : 9 500 personnes dans 12 pays ont été interrogées. 

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Du 21 avril au 5 mai, Ipsos a recueilli les réponses de 9 500 personnes issues de 12 pays à un questionnaire en ligne. L’institut a totalisé environ 1 000 réponses au Canada, en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis. Pour la Belgique, le Mexique, la Pologne, la Serbie et la Suède, c’est à chaque fois 500 réponses qui on servi de base à l’étude. En termes de résultats, ces taux de participation entraînent (pour un taux de confiance de 95 %) une marge d’erreur de 3,1 % pour 1 000 réponses et de 4,4 % pour 500 réponses.

Les participant·e·s à l’étude sont âgés de 18 à 64 ans aux États-Unis et au Canada, et de 16 à 64 ans dans les autres pays. Ipsos précise qu’en ce qui concerne le Mexique et la Serbie, les échantillons ne peuvent être considérés comme réellement représentatifs. En effet, les personnes ayant répondu à l’étude sont largement plus urbaines, riches, et diplômées que la moyenne de la population. Pour les 10 autres pays, les résultats ont été pondérés en fonction des données démographiques de la population adulte de chaque pays, d’après le dernier recensement en date.

Pour ou contre ?

L’étude demandait aux participant·e·s d’exprimer leur accord ou leur désaccord avec les sept propositions suivantes :

  • « Le gouvernement devrait distribuer à l’ensemble de la population [du pays] un revenu de base, sous forme d’un versement monétaire sans condition, qui s’ajouterait aux autres revenus perçus par ailleurs. »
  • « Un revenu de base aidera à lutter contre la pauvreté [dans le pays]. »
  • « Un revenu de base permettra à chacun·e de passer davantage de temps avec ses proches. »
  • « Un revenu de base permettra à chacun·e de participer davantage aux activités de la communauté. »
  • « Un revenu de base rendra la population plus dépendante de l’État pour son revenu. »
  • « Un revenu de base découragera la population d’occuper ou de chercher à occuper un emploi salarié. »
  • « Un revenu de base augmentera l’imposition jusqu’à un taux insoutenable. »

Si l’on se fie aux réponses à la première question, le revenu de base rencontre un franc succès parmi les populations adultes de Pologne ( 60 % pour, 24 % contre), d’Allemagne (52 % pour, 22 % contre), du Mexique (52 % pour, 23 % contre) et d’Italie (50 % pour, 26 % contre).
À l’inverse, on s’est davantage prononcé contre le revenu de base en France (29 % pour, 46 % contre), en Espagne (31 % pour, 45 % contre), au Royaume-Uni (33 % pour, 38 % contre) et aux États-Unis (38 % pour, 38 % contre).

Adhésion et inquiétudes

C’est en Pologne, en Allemagne, aux États-Unis et au Canada que les participant·e·s se déclarent les plus optimistes sur la capacité d’un revenu de base à lutter contre la pauvreté, à permettre aux gens de dédier plus de temps à leurs proches ainsi qu’aux activités de la communauté. C’est en revanche en France qu’on se déclare le plus pessimiste sur ces trois points.

De façon générale, les sondé·e·s sont plus convaincu·e·s des effets d’un revenu de base sur la pauvreté et le temps dédié aux proches, que sur l’activité bénévole.

Les Étasunien·ne·s et les Français·e·s sont les plus critiques sur trois points : l’éventuelle dépendance financière de la population vis-à-vis de l’état avec un revenu de base, l’effet d’un tel revenu universel sur le marché de l’emploi, et l’augmentation possible des impôts. Tous les pays, à l’exception de l’Allemagne, partagent la première critique. Et la Suède est la seule nation où la majorité de la population ne partage pas la seconde inquiétude.

Pour le détail des réponses, pays par pays, voir le rapport d’Ipsos « Public Perspectives » (en anglais, ce rapport vise un public canadien).

L’étude de l’institut Ipsos est la plus grande enquête internationale d’opinion sur le revenu de base depuis l’étude réalisée par Dalia dans l’Union européenne en mars 2017. De manière générale, cette nouvelle enquête d’Ipsos relève en Europe une adhésion plus faible à l’idée du revenu de base que ce qu’indiquaient les travaux de Dalia (mais une analyse détaillée et comparée est au-delà de l’objet de cet article).


Traduction par Maxime Vendé d’un article de Kate McFarland initialement publié sur Basic Income News.

Texte lisible sur le blog de Maxime Vendé.

Illustration : CC 0 1.0 Mauro Mora.