21 Décembre 2015. Les élections législatives ont lieu aujourd’hui en Espagne. Dans ce pays où un actif sur cinq est au chômage, le résultat qui sortira des urnes pourrait bien offrir une nouvelle avancée pour revenu de base en Europe.

Mariano Rajoy, leader du PP (Parti populaire, droite) et actuellement président du Gouvernement, risque fort de perdre ce soir sa majorité absolue au Parlement, sans que le traditionnel bipartisme ne permette au PSOE de Pedro Sánchez (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol – gauche) de reconquérir la majorité. Le bipartisme, traditionnel en Espagne depuis la disparition de Franco en 1975, semble avoir vécu. Une nouvelle génération n’a cessé de gagner des points ces dernières années avec l’arrivée dans le champ politique de Ciudadanos et de Podemos qui pourraient bien être les maîtres du jeu au sortir du scrutin. Toutes les alliances politiques sont envisageables et le revenu de base pourrait bien être au centre des enjeux.

Souvent présenté par les néo-libéraux comme une source d’inspiration pour la vie politique française, Ciudadanos, le parti de la citoyenneté (centre droit) dirigé par Albert Rivera-Diaz, a présenté un programme de lutte contre le chômage de longue durée qui inclut un complément salarial annuel garanti, assez proche du Liber proposé en France par Gaspard Koenig, de Génération Libre. Il s’agit d’un impôt négatif structuré en trois tranches destiné à assurer un filet de protection sociale à tous les travailleurs à bas salaire pour éviter les phénomènes de « trappes à chômage », liés en particulier aux effets pervers du salaire minimum (plus de détails dans cet article de Contrepoint).

De son côté, Podemos et son charismatique leader Pablo Iglesias bénéficient depuis le début de l’année des conseils de Thomas Piketty en matière économique. Depuis sa création en 2014, le jeune parti défend un projet de revenu garanti pour parvenir à un état de « pauvreté zéro » dans le pays. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un revenu de base, la proposition étant plus proche du RSA et de la prime pour l’emploi que nous connaissons en France. D’un montant de 600 euros par mois, ce revenu garanti serait versé à tous ceux qui n’ont plus de revenu ainsi que, de façon progressive, aux travailleurs précaires dont les revenus ne dépassent pas 900 euros (plus de détails ici).

Selon les sondages, le PP devrait arriver en tête, mais avec seulement 30% des voix, il n’aura pas la majorité au parlement. Déjà battu aux précédentes élections, le PSOE semble devoir chuter à nouveau, laissant la seconde place à Ciudadanos ou Podemos. Du résultat dépendront les alliances pour gouverner et sans doute l’expérience vers un revenu de base que vivront les espagnols dans les prochaines années.


Photo : Pablo Iglesias en meeting à Malaga. Cyberfrancis – Flickr – Licence CC BY-NC-ND 2.0