Le projet d’éco-village TERA initié en 2014, qui porte un projet d’expérimentation d’un revenu de base en monnaie citoyenne locale, lance cet été une grande campagne de crowdfunding jusqu’au 19 août 2018. L’objectif : récolter 120 000€ pour financer 10 revenus de base pendant trois ans. Présentation du projet et interview du trésorier, Frédéric Bosqué (qui est aussi l’un des cofondateurs du Mouvement Français pour un Revenu de Base).

TERA, l’alliance du revenu d’autonomie et de la transition écologique

L’association TERA porte un projet d’expérimentation d’un revenu de base en monnaie citoyenne locale, qui soit facteur de développement territorial et de revitalisation de zones rurales.

TERA signifie « Tous Ensemble vers un Revenu d’Autonomie ». Lors du lancement de l’initiative en 2014, les objectifs étaient de :

  • Relocaliser la production vitale des habitants d’un territoire de vie à plus de 85%
  • Adopter des modes de vie et de production en harmonie avec la nature (baisse de l’empreinte écologique, stimulation de la biodiversité, etc.)
  • Valoriser cette production en monnaie citoyenne locale pour contribuer à rendre les territoires autonomes, sans faire partir la valeur créée sur les marchés financiers spéculatifs.
  • Émettre cette monnaie citoyenne sous la forme d’un revenu de base inconditionnel (revenu d’autonomie) afin de donner à chacun un revenu garanti et suffisant pour entreprendre sa vie et choisir ses activités.

Après quatre ans d’activité, elle développe ses activités sur trois communes partenaires (en Lot-et-Garonne) :

  • Masquières : Autour de la fonction « S’alimenter » , sur un domaine agricole de 12 hectares où se développent des activités (maraîchage et boulange bio, gîte pour écotouristes, jardin-forêt éducatif et vivrier, etc.)
  • Trentels : Autour de la fonction “Habiter”, sur un terrain de 4 hectares en cours d’acquisition, construction d’une maison de la transition (catalogue de ressources écologiques), d’un centre d’éco-construction, de ressources et de formation, d’un quartier rural expérimental respectueux des humains et de la nature pour 25 à 30 familles,
  • Tournon d’Agenais : Autour des fonctions “Appuis”, installation du siège de TERA, de son conseil scientifique et en partenariat avec CO-ACTIONS, une coopérative d’entrepreneurs qui installe son premier établissement à TERA, etc.

De magnifiques avancées en si peu de temps !

À quelles activités contribueront les 10 revenus de base ?

La communauté politique de TERA a aujourd’hui décidé de relocaliser la production vitale à ses habitants. Comme celle-ci est encore très réduite sur notre territoire, nous allons faire monter le volume de revenus de base en monnaie citoyenne en proportion de la production locale que nous allons déployer. Nous ne pouvons en effet distribuer inconditionnellement que ce que nous produisons localement et durablement.

Chaque volontaire de l’expérimentation a d’abord choisi les activités qu’il voulaient porter. Dans un deuxième temps, n’ayant pas encore suffisamment de production durable et relocalisée pour tous, nous avons collectivement priorisé parmi ces activités celles qui avaient aujourd’hui la plus grande utilité commune, à savoir le plus grand effet de levier sur le développement futur des autres activités choisies. Les adhérents rassemblés en assemblée générale ont ensuite validé le choix des volontaires et son financement.

C’est l’application stricte de la définition donnée par le Mouvement Français pour un Revenu de Base :

« Le revenu de base est un droit inaliénable, inconditionnel, cumulable avec d’autres revenus, distribué par une communauté politique à tous ses membres, de la naissance à la mort, sur base individuelle, sans contrôle des ressources ni exigence de contrepartie, dont le montant et le financement sont ajustés démocratiquement. »

Voici les activités qui ont été classées par ordre de priorité d’utilité commune et qui sont concernées par la campagne de financement : maraîchage bio, compostage, secrétariat et gestion des activités du projet TERA, maintenance et logistique, boulangerie bio, gîte d’accueil des citoyens qui veulent entrer en transition, coopérative de distribution en circuit-court & bio, informatique, forêt comestible de Lartel, centre d’éco-construction, de ressources et de formation.

Pendant deux ans, plus de 100 volontaires ont travaillé bénévolement pour préparer cette expérimentation. Ils se sont formés, ont animé le lieu et accueilli des citoyens curieux, ont travaillé le patrimoine naturel pour qu’il puisse porter des fruits, des légumes. C’est plus de 30 000 heures de travail bénévole qui ont été investies dans cette préparation. Cela représente plus de 300 000 euros de valeur monétaire.

Aujourd’hui, ils sont prêts à produire de quoi assurer d’ici à trois ans une trentaine de revenus de base inconditionnels en monnaie citoyenne, et pour ce faire, sur cette période, il faudra que les volontaires aient de quoi s’occuper pleinement de leur mission. D’où l’appel au contributeur pour financer dès aujourd’hui leurs revenus de base en monnaie citoyenne.

L’expérimentation vise à démontrer qu’en donnant un revenu de base inconditionnel en monnaie citoyenne aux volontaires de cette expérimentation, trois ans plus tard, non seulement ce revenu de base sera garanti par une production locale et durable, mais en plus elle permettra de garantir des revenus de base pour des habitants du territoire qui ne participent pas directement à cette production.

Pourquoi avoir choisi l’expérimentation micro-sociétaire, très localisée ?

Il n’y a pas de macro sans micro, pas d’univers sans atome, pas de corps humain sans cellules, pas de République sans commune ! C’est justement parce que nous voulons une transformation sociale à grande échelle que nous sommes venus nous installer dans la plus petite unité de la République qui est la commune.

Là, au cœur même du corps social, là où la précarité est la plus forte, où l’absence des ressources de l’État est la plus visible, là où même le marché ne vient plus tant la pauvreté est grande et la solitude palpable, là pourtant se trouve la plus grande de toute les valeurs ajoutées de nos sociétés modernes : la terre, l’eau, le soleil, les humains et la nature…

À qui, mieux qu’à ces habitants pourrions nous offrir un revenu de base en monnaie citoyenne contre-garanti par une production vitale, relocalisée et durable ?

C’est justement parce que nous aurons redémarré la vie sociale, culturelle et économique dans le respect des humains et de la nature de ces petites communes, que nous aurons réchauffé le cœur de ses populations écartées des grandes missions de l’État, que nous pourrons ensuite justifier qu’un revenu de base inconditionnel n’est pas une dépense pour la nation mais un investissement pour toutes ses parties prenantes : citoyens, entreprises, associations et collectivités. Alors sûrement, nous pourrons un jour faire rentrer ce nouveau droit dans la loi et plus particulièrement dans la constitution de notre République, mère de toutes les lois !

Quels acteurs, notamment politiques, se sont engagés dans le projet TERA ?

De nombreuses parties prenantes de notre République ont rejoint le projet, chacune pour des raisons différentes :

  • L’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et le ministère de la transition écologique et de la solidarité sont entrées dans notre conseil scientifique. Ils voient dans notre expérimentation une application du modèle de l’économie de la fonctionnalité et de la coopération au développement territorial et au renforcement de la cohésion sociale de zones rurales à revitaliser.
  • La région Nouvelle Aquitaine nous a positionné en 2016 comme lauréat de l’innovation sociale, pour trois dimensions innovantes : de nouveaux produits-services pour les territoires, de nouveaux modes d’organisation sociale et de nouveaux outils de développement territorial.
  • Le département du Lot-et-Garonne y voit un outil de transition écologique mais aussi un moyen de sortir de la pauvreté les habitants de zones rurales actuellement désertées, du fait de la réduction de la vie économique et culturelle.
  • L’Europe au travers de son programme LEADER, y a vu avec 14 critères sur 20 un impact certain sur le désenclavement des zones rurales, l’animation des centres-bourgs désertés et le maillage des producteurs locaux qui travaillent ensemble.
  • Les trois communes partenaires qui ont été impactées par toute cette activité nouvelle : éco-touristique (plus de 6000 repas bios servis sur le site en 2016), culturelle (des dizaines de manifestations, concerts, bals, conférences, films) et enfin commerciale car nous avons injecté des dizaines de milliers d’euros dans l’économie locale.

Sans oublier les citoyens qui ont profité de toutes nos activités ont redécouvert que la transition pouvait être plus que nécessaire : désirable !

Un premier revenu de base vient d’être versé à un maraîcher bio

12000€ ont déjà été collectés lors d’une phase préalable. De quoi garantir à Simon, référent du maraîchage bio à TERA, un revenu de base pendant un an, d’une valeur de 1000€ par mois. Simon a été choisi lors de la dernière assemblée générale, comme le premier destinataires des revenus d’autonomie de TERA.

Nous voulons garantir la durabilité de ces revenus de base par une production vitale et locale. La première fut sans discuter : nourrir sainement les habitants de notre écosystème coopératif en revitalisant notre territoire de vie.

Simon va produire 50 paniers bios par semaine avec d’autres volontaires. Il a passé huit mois en formation avec Fermes d’avenir et deux ans d’activités bénévoles sur le domaine agricole de TERA. Versé en monnaie citoyenne, le revenu de base circulera donc à 85% dans le territoire de vie.

Le second vient d’être financé pour 12 mois par la fondation Zoein qui veut financer des revenus garantis pour des acteurs qui s’engagent dans la transition écologique.

Le troisième est financé déjà à 80%… 7 autres suivront jusqu’au 19 août 2018 !

Avez-vous prévu des indicateurs pour suivre l’expérimentation de revenu de base ?

Au mois de février 2018, TERA a inauguré son conseil scientifique composé d’une dizaine d’universitaires en présence d’un représentant de l’ADEME (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) et d’un représentant du ministère de la transition écologique et solidaire.

Ce conseil scientifique a pour mission de nous aider à évaluer cette expérimentation et d’être ressource pour, à partir des recherches de leurs universités respectives, résoudre des problématiques dans lesquelles nous ne manquerons pas de tomber dans le cadre de cette expérimentation complexe.

Enfin, nous mettons en place plusieurs formes d’indicateurs et d’évaluation afin de mieux comprendre les impacts de cette expérimentation sur l’économie locale, l’environnement et la dimension sociale de nos interactions à la fois entre volontaires du projet mais aussi avec les autres parties prenantes qui contribuent et sont impactées par nos activités.

Il est à noter que toutes les transactions se feront avec une monnaie citoyenne numérique qui permettra de montrer l’impact de ces transactions sur les 17 objectifs des Nations Unies comme définis dans leur projet à 2025.

Pourquoi est-il important de contribuer à cette expérimentation ?

Il y a 4 ans quand j’ai tout quitté pour ce projet, j’ai demandé à des ami-e‑s de me donner un euro par mois pour me constituer un revenu de base de 846 euros, soit un euro de plus que le seuil de pauvreté de 2014.

Sans ce revenu je n’aurais jamais pu lancer ce projet et nous n’aurions jamais pu créer autant de valeur. C’est la preuve qu’un revenu de base inconditionnel versé sans contrepartie est un facteur de création de richesses pour celui qui le reçoit mais aussi pour toute la communauté dans laquelle il mène ses activités.

Imaginez ce que nous pourrions créer comme valeur dans notre territoire de vie avec 10, 100, 1000, 1 000 000 de revenus de base… C’est un investissement rentable pour tous les acteurs : les citoyens, les associations, les entreprises et les collectivités territoriales … même la nature et les générations futures y gagneront puisqu’ils seront versés en monnaie citoyenne locale !

Comment contribuer au financement de cette expérimentation de base ?

Le projet TERA a donc besoin de 12 000€ par revenu de base en monnaie citoyenne, soit 120 000€ au total.

Si la première année nous aurons besoin de financer les revenus de base en totalité, la deuxième et la troisième année verront ces revenus progressivement financés non plus par des donateurs, mais par l’excédent brut d’exploitation de nos activités.

  • Vous pouvez contribuer à cette campagne à partir d’un euro par mois (défiscalisable) en allant sur leur campagne de crowdfunding, où le projet est expliqué en détail.
  • Vous pouvez tout connaître de ce beau projet en allant sur le site internet de TERA,
  • Enfin, pour rester au courant de l’aventure, abonnez- vous à la page Facebook.

Et bien sûr n’hésitez pas à partager cet article avec vos ami-e‑s !