La preuve par l’expérimentation : le revenu de base libère le travail… et les travailleurs !

La « Valeur-Travail » est au centre de notre organisation sociale, de l’éducation au montant de votre retraite en passant par votre mérite, vos conditions de vie… et de travail.

Cette thématique active beaucoup de croyances et peurs, surtout dans les débats sur le Revenu de Base où l’on entend notamment que « Les gens sont fainéants, ils vont donc arrêter de travailler et notre société chutera », ou que « les salaires qui vont diminuer » , …

Pourtant, les expérimentations montrent tout le contraire…

I : De la « Valeur Travail » à la « Valeur Emploi », constats du « Marché du Travail »

Nous assistons à une discrète mais très efficace dérive capitaliste de la « Valeur Travail ».
Nous pouvons évoquer une certaine justice en attendant de l’équité dans la répartition des tâches nécessaires à la vie collective : on acceptera alors qu’un enfant, une personne porteuse de handicap ou assez âgée ne travaille pas autant ou de la même façon que les « actifs » Mais remarquez déjà que le vocabulaire glisse vers une autre dimension puisqu’il induit que ces personnes sont suspectées d’être « passives », qu’elles ne sont pas utiles car en-dehors du « marché de l’emploi ». Voici le dérapage : la Valeur Travail devient la Valeur Emploi en réduisant l’utilité à l’ « employabilité » et donc à la reconnaissance de notre participation sociale par un employeur qui daignera rémunérer notre prestation un nombre d’heures suffisant pour en vivre, si possible décemment. D’ailleurs, même les syndicats s’y laissent prendre quand ils défendent plus l’emploi que les conditions de travail et quand ils fêtent le travail plutôt que les travailleurs le 1er mai.
Quelle place alors pour les « demandeurs d’emploi », les auto-entrepreneurs, les bénévoles, les aidants, les parents au foyer ? Il est temps de décorréler « participation à la société » de « employé » car cette logique sert de fondement moral au démantèlement des conditions et des collectifs de travail : bullshit-jobs, automatisation, ubérisation qui nous mène à accepter qu’il y ait des travailleurs pauvres et une masse de « précariat ».
Quand, en 1936, des ouvriers défendaient la réduction du temps de travail et les congés payés… auraient-ils pu imaginer qu’avec notre richesse et notre productivité, qu’avec la possibilité de remplacer 1000 travailleurs par un logiciel, nous n’en profitions pas pour réduire le temps de travail et dissocier le revenu de l’emploi ?
Au lieu de cela, nous laissons s’installer des conditionnalités grandissantes pour l’obtention des aides, avec l’exigence d’une recherche d’emploi pourtant de plus en plus rare… et heureusement pour certains domaines ! Nous trouvons presque acceptable aussi de réduire le chômage, les retraites « parce qu’il n’y a pas d’argent magique, parce que l’État doit faire des économies »… pour laisser proliférer des assurances privées. M Macron a même osé proposer de « simplifier les aides » avec un Revenu Universel d’Activités … qui surtout les conditionne toutes à l’emploi… summum de cette logique qui devient de l’esclavage à peine déguisé quand certains évoquent de rendre le bénévolat obligatoire pour mériter des minima sociaux. Il y a donc des besoins de nos compétences… mais que certains refusent de payer...
Cette dérive de la centralité de l’emploi n’est pas seulement dommageable, elle est tragique quand elle se traduit par un chantage à la faim et des suicides dans toutes les professions, tous les âges...

Alors, avec un RB ?

En 2008, un sondage est réalisé en Allemagne et constate que 60 % des personnes interrogées continueraient à travailler comme avant avec un Revenu de Base, 30 % changeraient leurs conditions de travail (temps partiel, formation, réorientation, à son compte…) et 10 % « commenceraient pas dormir »… ces mêmes personnes affirment à 90 % que, « les gens » sont fainéants et, avec leur Revenu de Base, arrêteraient de travailler. Distorsion intéressante entre nos propres choix et notre regard sur les autres, vous savez, ces jeunes qui ne veulent pas travailler, ces femmes qui font passer leurs enfants avant leur travail, ces immigrés qui ne veulent que des papiers, ces vieux qui attendent la retraite…

Confirmation en 2016, avec le même sondage mais en Suisse cette fois, en plein débat autour d’une votation sur le Revenu de Base où ceux qui veulent dormir tombent à 2 %…

Alors, quel est ce biais cognitif qui nous fait nous accrocher à des croyances, tragiquement limitantes, plutôt que de regarder les faits, les chiffres et les expérimentations ?

Parce que, là aussi, nous avons des preuves !

Aux USA dans les années 70’, 4 expérimentations devaient répondre à cette fameuse question : « Les gens vont-ils arrêter de travailler s’ils reçoivent de l’argent sans condition? » … Non. Seuls les étudiants et les jeunes mamans ont sensiblement réduit leur temps d’emploi, jusqu’à 27 % chez les mères isolées… à une époque où le congé maternité et les bourses n’existaient pas.

Pareil en Alaska où une minorité seulement est passée à temps partiel depuis presque 40 ans de revenu de base national.

Au Canada,  la somme totale des heures de travail n’a baissé que de 13 %

Et plus récemment, les chômeurs en Finlande ont plus activement cherché du travail. Les bénéficiaires du loto à vie en Belgique ont presque tous continué à travailler tandis que les sans-abris londoniens sortaient de la rue, se formaient et se réinséraient dans leur famille comme dans la société.

Et même plus, l’instauration d’un Revenu de Base incite à entreprendre en sécurisant la prise de risques ! Ainsi, en Namibie, en seulement 2 ans d’expérimentation ils ont assisté à une baisse du chômage de 45 à 60 %, due à la mise en place de micro-entreprises qui ont relocalisé l’activité !

Idem en Ouganda (où les jeunes ont +60 % de chances d’être embauchés avec en général +50 % de revenu au-delà de l’aide), en Alaska ou au Kenya.

Plus proche de nous, l’expérience de Tera dans le Lot-et-Garonne vise à revitaliser une zone rurale en créant des emplois grâce à un cercle vertueux de production et de consommation locales, respectueuses de l’humain comme de la nature… et bonnes pour l’économie 🙂

En France, on évalue à 2/3 des heures travaillées qui sortent du champ de l’emploi et ne sont pas rémunérées : tâches domestiques, éducatives, de soin, bénévolat… Pourtant, quelle utilité sociale ! Tant pour le lien que pour la formation, la citoyenneté, la solidarité…

Au Brésil même, une expérimentation a permis l’amélioration des relations de travail !

Ces expérimentations ne se sont pas intéressées à la reconnaissance des activités non rentables : quel impact sur le milieu associatif qui tourne beaucoup grâce à des bénévoles ? Quel niveau de compétences peut atteindre une population qui choisira plus ses activités, même hors emploi ? Comment vont se porter les secteurs de la transition écologique, du soin à la personne, de la recherche, de l’éducation… quand on va décorréler le revenu de l’emploi et l’emploi de la rentabilité ?

Alors signez l’ICE pour organiser d’autres expérimentations, en Europe, où nous pourront suivre de nouveaux indicateurs : lien social, externalités positives et négatives sur l’environnement, la santé, l’éducation, el bien-être...

III : Appel solennel aux partis de gauche et aux syndicats

Nous en appelons à la gauche, aux syndicats mais pas seulement, pour prendre conscience du piège de la « valeur Emploi » et s’engager dans un nouveau droit, universel pour compléter et moderniser notre Protection Sociale, comme elle était rêvée lors du Conseil National de la Résistance : universelle et solidaire.

Vous pourrez aussi mieux accompagner les travailleurs dans la négociation de leurs Conditions de Travail quand ils seront moins soumis au chantage à l’emploi et la peur de s’affirmer syndiqué. Vous pourrez soutenir la revalorisation des métiers « essentiels », notamment par la formation… Vous pourrez aider ceux qui veulent entreprendre, réduire leur temps de travail, changer de métier… Et ce individuellement et collectivement / numérique et automatisation, temps de travail, SMIC…

Et nous avons aussi besoin de vous pour montrer une garde vigilante auprès de ce nouvel acquis pour qu’il ne subisse ni récupération ni dérive. En effet, le Revenu de Base n’est qu’outil, extraordinaire, certes, mais inclus dans un projet de société. Il faut donc l’accompagner pour éviter les régressions , comme pour le Revenu Universel d’Activités de M Macron (baisse des salaires, atteintes aux services publics, SECU…).

A vous aussi de vous (in)former sur le sujet global et les différentes propositions en particulier pour soutenir les versions qui portent attention aux changements du monde du travail (par exemple le Salaire à Vie du Réseau Salariat), à la transition écologique (comme la Dotation Inconditionnelle d’Autonomie des Décroissants)… et diffuser l’Initiative Citoyenne Européenne qui demande au Parlement des expérimentations de Revenus de Base (voir sur ice.mfrb.fr).

Nous nous tenons à votre disposition pour plus ample information 😉

Initiative citoyenne européenne

Signons l’initiative citoyenne européenne pour un revenu de base inconditionnel et suffisant, devenons une force politique et pesons sur les élections en France de 2021 et 2022 en tant que citoyens électeurs.

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