Rencontre avec Léna Le Guay, membre du MFRB. Porteuse de parole, elle lance un projet de tour de France à vélo en 2018 où, au gré des étapes dans les villages, elle posera aux habitants croisés la question :
« Que feriez-vous avec un revenu garanti à vie ? »

Bonjour Léna, peux-tu nous présenter ton projet en quelques mots ?

Mon projet est de parcourir la France à vélo en mars 2018 pour aller à la rencontre des Françaises et des Français afin de discuter avec eux de la question de l’instauration d’un revenu de base. 

Le but premier de ce projet est d’avancer ensemble sur les questions de fond qui concernent notre avenir, car le revenu de base vient chambouler toutes nos manières de penser la société dans laquelle nous sommes nés. 

Pour cela, je compte m’arrêter dans différentes villes étapes afin d’y mener des actions de rue, de rencontrer les habitants, de récolter leurs paroles, d’amener des questionnements et de réveiller les rêves de chacun. Mon projet n’a pas le but de convaincre à tout prix, simplement d’éveiller les consciences et de montrer que cette possibilité existe au XXIe siècle.

Cet été, je vais expérimenter ce projet, du 4 au 16 août, de Périgueux (24000) à Masseube (32140) pour rejoindre l’université d’été du MFRB où sont prévus trois jours de débats, jeux, conférences, rencontres autour de cette question, accompagnés d’une programmation culturelle et festive. Isaline Moulin, directrice artistique et graphiste pluridisciplinaire, m’accompagnera lors de certaines étapes pour développer des ateliers ludiques et créatifs afin de récolter la parole des habitants.

Je voudrais que ce tour soit participatif et donc ouvert à tous les volontaires en fonction de leur temps libre et de leurs moyens. Un jour, une semaine, un mois, ou la totalité du tour pour les plus motivés ! 

Comment le revenu de base est-il entré dans ta vie ?

Je me suis intéressée dès le lycée aux inégalités de notre société avec une furieuse et adolescente envie de toutes les résoudre. Bien entendu, cette indignation et cette envie ont gagné en maturité et réflexion ! Mes études ont suivi cette direction et je suis maintenant titulaire d’un Diplôme Universitaire en Carrières Sociales option Gestion Urbaine et Solidarités.Ce diplôme vise à former des professionnels participant à la mise en œuvre de projets liés à la gestion et à l’amélioration du cadre de vie des citoyens ainsi qu’au développement territorial, avec des compétences spécifiques dans les domaines de la solidarité locale ou internationale.

J’ai découvert le revenu de base il y a un an, via ma tante, qui a participé à la création d’une antenne locale sur Angers.

L’idée m’a semblé très intéressante et m’a convaincue, notamment dans la liberté qu’il peut donner à chacun. A 22 ans je lance aujourd’hui ce projet, décidée à agir pleinement pour trouver les solutions de demain, avec vous tous.

Tu cherches à rencontrer des citoyens chez eux, dans leurs territoires. Pourquoi cela te semble si important ?

Chaque territoire a une histoire et des problématiques qui lui sont propres. On ne peut pas avoir de vision globale et se faire une idée des besoins des Français.e.s si l’on ne prend pas en compte chaque territoire avec ses caractéristiques… et ses habitants !

Le revenu de base apparaît aujourd’hui dans le discours de certains politiciens, mais beaucoup de personnes n’en ont encore jamais entendu parler, ne connaissent pas ses principes et ses possibles, ou alors ont vaguement entendu son nom et portent sur lui un grand nombre de préjugés.

Il est alors nécessaire d’informer la population de cette idée émancipatrice qu’est le revenu de base, d’élargir ses fronts et ses terrains d’actions, et de le placer au cœur du débat public (et non un débat réservé à quelques élites politiques et intellectuelles), avant d’espérer une mise en application.

Pourquoi avoir choisi le vélo pour promouvoir le revenu de base ?

Je suis née quelques années après le tour du monde en vélo de mes parents, voyage qui a duré trois ans. J’ai donc grandi avec le récit de cette formidable leçon d’humanité, avec cette soif de découverte du monde et de ses habitants. De là, dès 15 ans, j’ai pris mon vélo vers l’Espagne, l’Allemagne et l’Angleterre, seule ou accompagnée. J’ai alors découvert à mon tour les bienfaits de ce moyen de déplacement où tout nous touche et nous englobe.

Les cinq sens sont en éveil : les odeurs et les sons alentours, les paysages qui défilent avec nous, le vent, la pluie, le soleil sur le visage, le goût de sa sueur, le corps en éveil permanent… Sur la selle, nous vivons dans le présent, accompagnés de mille sensations. Chaque chose prend des proportions immensément belles : les paysages et les rencontres deviennent les récompenses de notre effort.

Tout nous invite à la rencontre, aucune carrosserie d’acier nous sépare du dehors et nous épousons sa vitesse : nous sommes complètement partie du paysage, du tout. Nous sommes en contact direct avec les gens. C’est particulièrement pour cet aspect-là que j’ai choisi le vélo pour me déplacer : pour être complètement présente, consciente de ce qui m’entoure et à l’écoute des autres.

Le moyen de déplacement intriguant qu’est le vélo symbolise aussi une mobilisation forte, directe, sur le terrain, qui implique autant le corps que l’esprit. Une mobilisation entière de sa personne, pour soi et vers les rêves qu’on porte en soi, mais aussi pour les autres et vers les autres. Je disais que le but premier était d’avancer ensemble sur les questions qui concernent notre avenir. Quoi de plus représentatif qu’un groupe de personnes pédalant et suant ensemble vers une même direction, autour d’une même cause !

Et en plus de cela, c’est un moyen de transport très écologique !

Où et comment participer à ce “tour de base” ?

Tout d’abord, vous devez savoir que tous et toutes sont les bienvenu.e.s pour rejoindre le convoi ! Les connaissances autour du revenu de base ne sont pas nécessaires pour participer au voyage, juste votre joie de vivre et votre curiosité. Nous allons nous enrichir de nos questions mutuelles !

Je suis pour le moment en train de planifier l’itinéraire du tour de France, mais pour ce qui est de l’expérimentation de cet été, qui débutera à Périgueux le 4 août, je vous invite à m’écrire à l’adresse lalignerevee@gmail.com pour connaître tous les détails du voyage. Un événement Facebook “Tour de Base” vient d’être créé pour permettre à tous et à toutes de suivre le projet et d’avoir accès aux dernières informations !