Dans le cadre de la manifestation du 1er mai, le Mouvement Français pour un Revenu de Base, est allé à la rencontre de militants syndicalistes pour échanger sur la question du revenu de base.

Les scientifiques appellent ça « l’ignorance pluraliste » : « si je pense être le seul à avoir une pensée dissidente, je vais sans doute le cacher… mais si chacun fait comme ça, on rend invisible et on freine une évolution des mentalités. »

En France, aucun syndicat n’a affiché officiellement de soutien ou de projet de revenu de base dans ses mandats… et pourtant, sur le terrain, de plus en plus de syndicalistes trouvent dans cette idée un moyen de redonner au travailleur :

  • un levier de négociation sur ses conditions de travail,
  • un choix de ses activités (entre emploi, bénévolat, famille…),
  • un socle sécurisé entre des périodes d’emploi, de chômage, de formation,
  • un partage du travail sur la base de la liberté individuelle…

Voici quelques uns des témoignages de ces militants, de six confédérations syndicales différentes (CFDT, CGT, FO, FSU, UNSA, Sud Solidaires), qui se sentent seuls et qui ont répondu en leur nom propre, lors de la manifestation du 1er mai, à ces questions :

1 : Si vous aviez un revenu de base, ça changerait quoi pour vous ?

2 : Qu’est-ce que cela changerait dans la société ?

Eux, en couple, 60 ans :

1 : On serait plus sereins pour le quotidien, on sera bientôt retraités…

2 : Ce serait un minimum vital avec un travail en complément car les aides ne sont pas équitables. On a soutenu le Revenu Universel d’Existence de Benoit Hamon… on pourrait partager les 40 milliards du CICE à tout le monde, il y aurait une meilleure qualité de vie, une meilleure consommation, moins de précarité et de recherche de combines !


Lui, 58 ans :

1 : Moi, je suis fonctionnaire, ça changerait rien… ou si, peut-être que je travaillerais moins…

2 : Pour mes filles qui sont étudiantes, ce serait super ! Elles pourraient avoir un logement et faire des études plus longues !


Elle, 35 ans :

1 : J’en donnerais beaucoup !

2 : Tout !


Lui, 57 ans :

1 : Je ne devrais plus compter… Ouf !

2 : Il n’y aurait plus de problème pour se nourrir, se loger, vivre quoi ! On serait plus épanouis, on travaillerait dans ce qui nous plait, emploi ou activité…


Elles, 40 ans :

On ne veut pas répondre car on ne connaît pas assez le sujet, les implications…


Lui, 63 ans :

1 : Ça ne changerait rien, je serai toujours militant !

2 : Je préfère le partage du travail par la réduction du temps de travail parce que, si personne ne travaille plus, la société s’arrête… Mais je suis d’accord pour un revenu minimum garanti : l’humain a toujours envie de travailler. Faut pas croire le mythe du chômeur qui ne fait rien et aime ça. On a tous besoin d’être utiles, de choisir un travail intéressant, épanouissant. Dans la société idéale, on abolirait le salariat, en socialisant tous les revenus du travail comme aujourd’hui la sécu, les retraites…


Elle, 55 ans :

1 : Je pourrais faire des travaux à la maison, rembourser nos dettes et héberger des étudiants ou des migrants… On a de la place maintenant que les enfants sont partis, mais pas les moyens…

2 : Coluche a dit « C’est dur la fin du mois, surtout les 30 derniers jours »… on n’entendrait plus ça !


Lui, 26 ans :

1 : Je pourrais avoir un appartement plus grand, et une voiture…

2 : J’ai peur d’une hausse des impôts !


Elle, 31 ans :

1 : Je n’aurais plus la préoccupation du quotidien, j’aurais une sécurité financière !

2 : Le bonheur absolu !


Lui, 31 ans :

1 : J’arrête de travailler pour aider les gens à ma manière.

2 : Tout serait plus équilibré. Quelques uns en profiteraient mais la plupart pourraient s’engager dans des assos…


Elle, 45 ans :

1 : J’aurais assez pour vivre, manger sainement, faire quelques sorties. Je continuerais mon travail parce que j’adore : je suis agente sociale auprès de personnes handicapées donc je me lève tous les matins avec le sourire en me demandant ce que je vais réussir aujourd’hui ! J’étais cadre mais j’ai laissé tomber pour choisir un métier utile.

2 : Chacun pourrait vivre dignement.


Lui, 27 ans :

1 : Je suis chômeur en fin de droits…

2 : Ce serait un nouveau progrès social contre l’emprise du salariat, on pourrait travailler et avoir des projets. Il n’y aurait plus aucune peur du lendemain, chez les artistes notamment, plus de discrimination entre les travailleurs et les chômeurs qui ne sont pas au même rythme…


Elle, 43 ans :

1 : Je suis en arrêt pour burn out, après un harcèlement au boulot… Du coup, je me reconstruis et je profite de faire des projets à mon rythme, avec mes compétences et par envie… Je crois que je continuerais à m’occuper de mon enfant, faire du bénévolat, soutenir les gens…

2 : J’en rêve ! Quel apaisement pour tous ! Ceux qui souffrent au travail, ceux qui souffrent de ne pas en avoir, ceux qui voudraient en changer ou monter leur boîte… Sécurisés, on serait plus productifs, moins agressifs et nos enfants pourront grandir avec leurs rêves !


Lui, 66 ans :

1 : J’aurais eu plus de sécurité, plus de liberté pour entreprendre…

2 : Ce serait une meilleure reconnaissance pour l’individu, c’est sûr ! Et moins de stress, plus de bien-être...

 

Propos recueillis par Virginie Deleu