A 80 ans, ça vous dit une nouvelle branche ???

Portraits de notre commune humanité…

J’ai fêté les 80 ans de la Sécurité Sociale en manif avec des syndicalistes et des militant⸱es politiques, à qui j’ai proposé de rajouter une branche à la SÉCU pour distribuer un Revenu de Base à chacun⸱e en France d’ici 2032. (Si si, c’est possible, on vous le prouvera dans un rapport l’année prochaine !)
Ils sont unanimes : c’est une bonne idée !

Voici leurs raisons :

Parmi les Verts,
Elle, du haut de ses 18 ans, n’aura plus besoin de regarder son compte en banque tous les jours et guetter les prix pour pouvoir payer son loyer. Bien sûr qu’elle travaillera parce que c’est important et elle donnera à d’autres pour les soutenir !

A 50 ans, Elle aura plus de sérénité par rapport au travail en travaillant moins ou différemment : elle pourra refuser des missions qui l’embêtent, car elles nourrissent le capitalisme et vont à l’encontre de ses valeurs. D’ailleurs, elle a vu une courte vidéo de Benoit Hamon qui ironise sur les 1000 milliards qu’on lui reprochait de dépenser pour instaurer un Revenu Universel d’Existence*… et qui ont disparu aujourd’hui… mais dans quelles poches ?
Lui pourra développer des activités que son métier l’empêche de vivre : plus de créativité, de gratuité, de projets communautaires et pour les autres. Il aime tellement son métier qu’il n’a pas l’impression de travailler… il est prof !
Lui a 66 ans et il trouve que dans un pays riche comme le nôtre, on devrait partager le pain avec tout le monde et changer ce système de profits, d’accumulations et de surproduction qui laisse des gens dans la misère. Il voudrait aussi qu’on annule la dette extérieure des pays colonisés. Il paraît que le président colombien évoque aussi l’instauration d’un revenu de base !

Malgré ses 65 ans, Elle ne se l’est jamais demandé et n’a pas de réponse parce qu’elle a toujours dû travailler pour gagner de l’argent pour manger… la question ne se posait pas…

Lui ne se prendra plus la tête pour les charges et il réfléchira différemment pour faire des choses qui lui tiennent à cœur plutôt que celles qui le fatiguent et qui n’ont pas de sens. Il a fait des études de journalisme mais le marché du travail et le manque d’accessibilité des bâtiments ne lui permettent pas de vivre son handicap dans son métier. « L’état me paye pour subir des discriminations », dit-il amer. L’Allocation Adulte Handicapé qu’il reçoit est suffisante pour vivre mais il doit faire des choix, contraints par les soins qui encombrent son quotidien. Alors il s’investit chez les écolos, pour la campagne municipale, pour des assos aussi… Il confirme un avantage cependant qu’il souhaite à tout le monde : ne pas devoir se battre contre l’administration pour accéder à ses droits !

Elles voudront toujours travailler, pour faire avancer le monde et se sentir légitimes pour donner leur avis. Déjà à 18 ans, elles ont conscience de leur part de citoyenneté !

Pour lui, c’est pas logique que les riches aient un salaire à vie. Il continuera à travailler mais peut-être moins. Il aime être réceptionniste d’hôtel, croiser les collègues… Il ne s’ennuie pas au moins ! Mais il sait qu’à 46 ans, il ne tiendra pas encore des années à travailler de nuit. Donc, pour préserver sa santé, il arrêtera avant de craquer.

Ces 4 étudiants de 20 ans goûteront un meilleur confort de vie : plus d’activités culturelles, de voyages, et même manger suffisamment ! Ils pourront aussi vraiment choisir leur formation parce qu’entre les secteurs hyper fermés, les régions où il n’y a pas d’écoles, le manque de places et le prix des logements dans les grandes villes, leur choix est très contraint !

« Et elle trouve ainsi le concept de sécu-flexibilité : un revenu garanti pour relativiser la place du travail dans nos vie ET pour le revaloriser car il a plus de valeur quand il est choisi »

Elle, à 29 ans, aura moins de stress avec son cortège de symptômes physiques et psychologiques ! Elle souligne l’égalité entre les femmes et les hommes qu’un Revenu de Base apportera parce que personne n’aura plus peur de se séparer. Son amie du même âge rêve d’une charge mentale allégée : elle travaillera moins et gagnera aussi en temps de transports, ce qui lui permettra de préparer à manger, jardiner, bricoler, passer du temps avec les enfants, prendre du temps pour elle… plutôt qu’acheter des plats tout faits et prendre des jours de congés pour un rendez-vous médical ! Mais elle continuera à travailler quand même parce que c’est enrichissant. Elle réfléchit aussi qu’une Revenu de base laissera la place à d’autres, tout en partageant le temps de travail : travailler tous pour travailler moins ! Elle explore les possibilités d’un Revenu de Base pour changer de travail, se former… ou négocier des conditions de travail qui nous conviennent (elle pense au repos pour les soignant.es)… Et elle trouve ainsi le concept de sécu-flexibilité : un revenu garanti pour relativiser la place du travail dans nos vie ET pour le revaloriser car il a plus de valeur quand il est choisi, avec du sens, en accord avec notre rythme, nos compétences…

Lui pense d’abord à ses enfants. A 59 ans, il voit bien qu’il n’y a plus assez de travail pour tout le monde et que c’est systémique. Il continuera à travailler parce qu’il a besoin du lien social avec ses collègues et comme il est élu au CSE, il défend les autres salariés, ce qui lui apporte du sens, un sentiment d’utilité et une valeur de justice. Il pense que chacun pourrait trouver une activité selon sa conscience.

Lui ne changera rien. A 39 ans, son boulot de contrôleur qualité dans la métallurgie lui apporte une activité physique et sociale. Donc il aidera ses proche avec son Revenu de Base.
Ce dernier a 60 ans et rêve de partir en voyage… non, mieux ! Il écrira le roman du siècle ! Il pourra aider les autres, prendre le temps de juste discuter. Il se souvient d’un film où était posée cette question : « Qu’est-ce qu’il vous faut comme argent ? » La réponse était « Toujours plus ». Pourtant, il n’a pas besoin de plus, lui. Aujourd’hui, ses enfants sont à la fac donc il doit rester encore un peu mais après, il partira, là où sa retraite lui permettra de vivre, avec le soleil en plus !

Dans le cortège UNSA :
Ils sont soignants et heureux de l’être même si c’est de plus en plus difficile…

A 43 ans, Lui travaillera toujours parce qu’il aime le lien social et le sens d’aider. Et il fait déjà beaucoup de bénévolat, notamment comme représentant syndical.

Pour Elle au contraire, ça changera beaucoup de choses ! Seule à 53 ans avec 4 enfants, un Revenu de Base apportera une meilleure qualité de vie avec moins de pression. Bien sûr qu’elle travaillera comme avant parce qu’elle a choisi ce métier qui a du sens !

Quant à Elle, elle se sentira aussi moins pressurisée. Peut-être qu’elle arrêtera de travailler sous forme d’emploi parce qu’elle se sent vraiment mal traitée. Elle fera sans doute la même chose mais de façon bénévole, pour prendre soin d’elle, pour pouvoir prendre soin des autres.

« Peut-être qu’elle arrêtera de travailler sous forme d’emploi parce qu’elle se sent vraiment mal traitée. Elle fera sans doute la même chose mais de façon bénévole, pour prendre soin d’elle, pour pouvoir prendre soin des autres. »

Derrière le camion CFDT :
Lui a 59 ans un an de taf à faire encore avant la retraite, du coup c’est surtout à ses enfants qu’il pense, pour les aider. Il alerte sur la nécessité de bloquer les prix !

Elle vient de la Réunion où il y a 36 % de chômage donc même à 45 ans, elle retournera là-bas pour investir dans un hôtel ou un autre service. Elle pourra donc embaucher et donner des salaires corrects.

Lui est bientôt en retraite mais il continuera à bosser !Comme il fait de la plongée, il est très sensible à la protection des littoraux. Donc il rêve d’acheter une île en Bretagne ou en Normandie pour rétablir l’équilibre entre la faune et la flore et surtout empêcher tout polluant. Il sait que ça va lui demander beaucoup d’huile de coude et sans doute un collectif mais il est très motivé pour nettoyer et préserver la richesse de notre nature ! Au moins, ce sera une activité constructive contrairement à son boulot aujourd’hui qui n’a aucune utilité !
Lui trouve qu’un Revenu de base apportera un équilibre en permettant à tous de vivre dignement. Et puis ça amène une autre notion du travail qui sert d’abord pour vivre mais qui devrait être un plaisir. Donc on pourra travailler dans ce qui nous plaît, comme on peut et à notre rythme. Aujourd’hui, les jeunes ne savent pas choisir leur avenir parce qu’ils remettent en cause la Valeur Travail : lors des confinements du Covid, on a pu dissocier la valeur d’un service en termes d’utilité sociétale par rapport à la reconnaissance financière, puisque ceux qui étaient en « 1ère ligne » n’ont pas été revalorisés après. De même, on a pu constater qu’il y avait tout un tas d’activités non rémunérées et pourtant essentielles. Il propose donc qu’on ait tous le même salaire et qu’on travaille par plaisir. Que celui qui a envie de faire de la mécanique et de donner un coup de main à tout le monde puisse échanger. En bref, qu’on choisisse la vie qu’on a envie de mener.

« Elle pourra envisager de devenir propriétaire parce qu’aujourd’hui les banques refusent de lui prêter, du haut de ses 29 ans. Et Lui pourra enfin finir de rembourser son prêt étudiant qu’il traîne déjà depuis 6 ans… »

Dans les rangs de La France Insoumise :
En tant que femme avec un peu de « bouteille » à 55 ans, elle fait le lien avec les inégalités femmes-hommes : les écarts de salaire, les prix des produits « roses », les conséquences de la maternité qui fait chuter les revenus et le fait que souvent, les femmes en couple font encore la plupart des tâches ménagères et prennent souvent des congés maternité ou ralentissent leur carrière. Ainsi, elles vont hésiter à quitter un compagnon, même s’il n’y a plus d’amour (sans compter les situations de violences) par peur de la précarité, pour elles et pour les enfants.

Pour Eux, c’est un pas vers plus de stabilité. Elle pourra envisager de devenir propriétaire parce qu’aujourd’hui les banques refusent de lui prêter, du haut de ses 29 ans. Et Lui pourra enfin finir de rembourser son prêt étudiant qu’il traîne déjà depuis 6 ans… il lui reste 18 mois et le sent comme un fil à la patte. Ses parents étaient ouvriers mais ils « gagnaient trop » pour qu’il reçoive une bourse… c’est un marché aujourd’hui d’inféoder les étudiant.es.

Elle a 35 ans et au début, elle dit que ça ne changera pas grand-chose : elle aime son travail !Puis elle avoue qu’elle sera plus apaisée et qu’elle pourra partir en vacances, mettre du beurre dans les épinards. Finalement, ça lui permet surtout de se voir dans un avenir plus lointain : elle sera en sécurité si elle perd son emploi. Elle est aujourd’hui libraire, ce qui ne paye pas beaucoup, surtout à 4 jours / semaine. Elle s’entend très bien avec son patron gaucho mais elle pourra ouvrir, à terme, sa propre librairie ! Elle s’investira encore plus dans le milieu associatif qui périclite en ce moment parce que la plupart des militant.es sont assez âgé.es et que le recul de la retraite réduit les bénévoles. Son mari travaille dans la logistique et adorera aussi monter sa propre entreprise : une boutique de vinyles ! Mais comme il vient d’un milieu très modeste, il n’a ni les fonds, ni le réseau. Il prendra aussi plus soin de sa santé…

Elle, c’est clair et net, elle arrêtera de travailler pour s’occuper et profiter de sa famille, ses enfants, ses parents : elle a déjà 43 ans et le temps passe si vite !

A 42 ans, Lui travaillera moins pour se connecter plus… à des gens, des associations, des actions locales, sa famille… D’ailleurs il connaît une monnaie locale à Tournai qui l’inspire bien…

Il a déjà 71 ans mais il travaille toujours : il est « retraité salarié » par nécessité financière et aussi pour rester actif… même s’il pourrait l’être aussi dans le milieu associatif parce qu’il a déjà été bénévole au Secours Populaire. C’est vrai qu’un Revenu de Base apportera plus de stabilité dans la vie par rapport aux budget, aux dépenses… surtout avec un salaire qui fluctue, c’est difficile à gérer. Ça permettra aussi de se projeter au-delà de la satisfaction des besoins primaires, dans des projets plus lointains.

« Des larmes perlent. De dégoût plus que de colère. On travaille et on a rien. Ils nous font des promesses pour qu’on vote et ils font tout le contraire. »

Sous les drapeaux de la CFTC :

A 56 ans, Lui rêve d’une vie meilleure avec son Revenu de Base : plus de pouvoir d’achat pour son loyer, l’électricité, un PV qui tombe ou autre mauvaise surprise… Son grand-père, né en 1902, lui disait : « Tu vas avoir 14 ans et il faut bosser parce que c’est avec un travail que tu construis ta vie et que tu mets des sous de côté ». Mais maintenant, à 53 ans, il voit bien que ce n’est plus vrai, que le gouffre s’est creusé. Bien sûr qu’il incite son fils de 14 ans à travailler à l’école pour décrocher un diplôme mais si c’est pour engraisser des capitalistes… à quoi bon ! Des larmes perlent. De dégoût plus que de colère. On travaille et on a rien. Ils nous font des promesses pour qu’on vote et ils font tout le contraire. C’est injuste que les plus riches fassent des conneries et puissent se payer des avocats pour éviter la prison. C’est une honte alors que récemment, un ouvrier a été viré pour avoir volé à manger pour 50 centimes… Et puis les jeunes qui commencent sont payés beaucoup moins comme « agents de production » et non comme ouvriers puisqu’ils ne font qu’actionner des machines. Alors ils sont payés 1400 plutôt que 2300 et sont payés par leur agence d’intérim avec des contrats à la semaine. Quelle précarité ! Ça tue les collectifs et ils ne peuvent plus défendre leurs conditions de travail. Le travail de soudeur en métallurgie ne va plus exister… Avec un Revenu de base, on pourra laisser les machines travailler et profiter de la vie ! Personnellement, il est fatigué, abimé, il a mal aux jambe, aux épaules et les jeunes ne comprennent pas qu’il ne peut plus suivre la cadence… mais ils sont obligés, eux, de carburer pour être gardés la semaine d’après… Il en a marre et veut laisser la place. Il connaît un certain nombre de retraités qui continuent à travailler parce que leur pouvoir d’achat est insuffisant pour vivre mais ils ne se plaignent pas parce qu’ils ont été appris comme ça. Dès 18ans, il était à l’usine, juste après son CAP de soudeur. Il n’a pas arrêté.

Postier à 60 ans, il est délégué syndical et adore défendre ses collègues, notamment ceux que l’entreprise veut virer alors qu’ils veulent continuer à travailler, à s’investir… Il dénonce ces patrons qui licencient les +50 ans qui leur coûtent trop cher en ancienneté, avec des ruptures conventionnelles qui finalement coûtent à l’État… et donc nous coûtent à nous ! Idem pour les arrêts de travail exponentiels à cause des conditions de travail (le poids à porter 6 jours sur 7 jusqu’à 64 ans) ou du management toxique. Il dénonce aussi tous ceux qui, nés avec une cuiller d’argent dans la bouche, n’ont aucune notion du travail et qui creusent encore les inégalités. Au moins, avec un Revenu de Base, on ne dépendra pas de la charité nationale qui est très humiliante puisque tout el monde l’aura et en plus, on pourra faire ce qu’on aime, choisir à quoi on va consacrer son temps de vie, à notre rythme et avec nos capacités. « Qu’est-ce qu’il y a de mieux que de rendre les autres heureux ??? »

Et vous, que ferez-vous avec votre Revenu de Base en 2032 ?