La chronique du week-end. Francis Rauwel, adhérent MFRB du groupe local de Paris nous livre un argument pour répondre à la question : « À quel titre accorder un revenu de base à tout le monde de façon inconditionnelle ? ».

Robinson échoue sur l’île. Dans un premier temps il survit puis, après plusieurs années, finit par vivre confortablement. Arrive Vendredi. Robinson s’interroge : « Suis-je tenu de partager avec lui ce que j’ai fini par aménager ? Le champ, la source, l’enclos, l’abri… »

Réponse qu’il se fait : « Non. Je veux bien lui donner un peu par générosité. Mais il n’y avait rien. C’est moi qui ai tout fait. Il n’y a pas de raison. Il n’a qu’à faire comme moi. »

Que penser de cette position outre le fait que Robinson est sympa de ne pas mettre Vendredi en esclavage directement et de lui donner un peu par générosité ?

On peut objecter que Robinson n’est pas parti de rien. L’île ne lui appartient pas. Juste après le naufrage, il est allé chercher du matériel dans l’épave qui ne lui appartenait pas non plus en propre. Il a utilisé des manuels écrits par d’autres etc. Il a certes donné beaucoup de lui mais il ne doit pas sa situation à son seul mérite.

Que partager avec Vendredi ? La réponse de ceux qui préconisent le revenu « d’existence » est : « Ce qui est l’héritage commun de Robinson et Vendredi : l’île, le savoir des manuels. Et cela, sans condition, par simple justice. Au moins. Pour le reste, il faut discuter…


Inspiré de David Robichaud et Patrick Turmel entendus sur France Culture pour leur livre La juste part, repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grille-pains (LLL, les liens qui libèrent).

L’île de Robinson Crusoe (Chili). Photo de Pato Novoa – Flikr – Licence CC-By-SA 2.