Dordogne 

Le 1er Août 2020 débutait l’épopée du Tour de Base Dordogne. Organisé par Isaline Moulin et Léna Le Guay, ce tour d’une semaine visait à partir à la rencontre des acteurs du territoire (éco-lieux, associations, monnaies locales, recycleries) pour parler du revenu universel et diffuser le film Les Gens, documentaire qu’elles avaient réalisé durant l’année.

Ce voyage était l’occasion de faire des ponts entre le revenu de base et ces initiatives investies dans la transition en cours. Ici, nous parlons d’initiatives concrètes permettant d’avancer vers un avenir qui respecte le vivant, en phase avec les enjeux économiques, sociaux et écologiques que nous connaissons.

Mais revenons-en au périple : lorsque nos dix cyclistes volontaires se rejoignirent au Vignoble, à Saint Germain des Prés, pour entamer un tour du département, ils ne se doutaient pas que ce voyage allait les emmener bien plus loin, à travers l’espace-temps, au delà du sujet, au delà du vélo… Qu’il allait les bousculer, bouger certaines de leurs idées, déplacer certains de leurs repères, faisant parfois se confondre, dans les reliefs de la route, la terre et le ciel, le maintenant et le demain, l’intérieur et l’extérieur, le soi et les autres, les rêves et la réalité.

Ils ne se connaissaient pas tous. Pour la plupart, c’était le premier voyage à vélo, pour certains, c’était la crainte de ne pas être à la hauteur, la peur de se retrouver avec l’inconnu pendant une semaine, de ne pas être accepté comme ils sont. Pour d’autres, c’était simplement la curiosité ou l’ennui qui les avait tiré de leurs occupations du moment.

En tout cas, on peut dire que tous étaient venus avec leurs sacoches remplies de cette curiosité, de ces doutes, de ces peurs, de ces espérances cachées...ces mêmes sacoches que nous portons dans la vie.

Mais après quelques coups de pédales seulement, comme par l’effet d’une magie ambiante, et malgré l’appréhension, les sacoches paraissaient déjà plus légères, les jambes plus fortes, le coeur plus ouvert.

L’histoire ne nous dit pas encore si cela relève du magique ou si les êtres attirent finalement à eux des êtres qui leur ressemblent et qui sont, au fond, dans une quête similaire.

(Ce qui pourrait supposer que le revenu de base, en donnant la possibilité à davantage de personnes de suivre leurs quêtes intérieures, encouragerait les autres à en faire autant comme un effet boule de neige et…) HOP HOP HOP ! mes petits loulous, ceci n’est pas le sujet pour le moment. Revenons plutôt à ce groupe étrange. Comment était-il ?

Que faisait-il ? Comment se mouvait-il sur la route ?

Si l’on en croit le satellite PS11, on a pu voir de l’Espace des ondes magnétiques chargées d’amour et de joie partant de Saint Germain des Prés, passant par Saint Pantaly, l’écolieu de Saleix, le café associatif de la belle Marie, par Périgueux, au tri-cycle enchanté de Bourdeilles, Nontron, Saint Pardoux la Rivière, le Jardin des Poètes pour terminer en feux d’artifice le 8 Août… aux portes ouvertes de l’éco-lieu de Saleix!  Il parait même qu’on pouvait, si on tendait l’oreille, entendre des rires, des pleurs aussi, de la musique, des cris de carottes sauvages, des chants de monstres, des exclamations momoesques, des exposés approfondis sur les états d’âmes d’une patate...surtout des rires.

Par curiosité, et tellement le suspens est grand, nous avons demandé aux participants ce qui s’était passé sur ces mystérieuses routes et voici ce qui en ressort :

Malgré quelques crevaisons, des montées hostiles et une chaleur écrasante, certains affirment que c’était l’une des plus belles expériences de leurs vies, qu’ils ont pu avoir un aperçu du monde dans lequel ils aimeraient vivre, certains avouent avoir retrouvé du sens dans leurs rapports humains, retrouvé cette communion avec l’autre, le monde, la vie. Certains ont retrouvé ce qu’ils voulaient être, se sont reconnectés à l’essentiel, certains se sont vus reboostés dans leurs projets personnels, d’autres ont découvert la possibilité et l’espace pour partager leurs émotions et leurs vulnérabilités devant un groupe, et il y a même ceux qui se sont vu vivre une transformation personnelle…

En tout cas, tous avaient l’air de dire que ce voyage avait permit de tisser des liens forts en très peu de temps, qu’il avait permis d’explorer les plus belles parts d’humanité qui flamboient en chacun et qu’il avait donc nourri une confiance générale en l’autre, en soi, en la vie, ravivé leurs envies, leurs énergies, leurs créativités…..

Mais mon dieu mais que s’est-il passé pour dire des choses pareilles ? Ces fanfarons ont-ils fait un trip sous LSD ? Ont-il attrapé une insolation sous ce soleil brûlant ? Ont-il croisé un chaman gourou hypnotiseur au détour d’une rivière ? Est-ce possible de dire tout cela quand on voit ce qu’il se passe sur BFM TV ? Les défenseurs du revenu universel sont-ils décidément tous des bienheureux naïfs et perchés ?

D’ailleurs, c’est quand que vous nous parlez de revenu de base ? C’est pour cela qu’on est là en train de lire votre p****n de texte !

Attendez, attendez, un peu de patience...ça vient.

Si le revenu de base est encore loin devant nous, il aura néanmoins été la cause de notre rencontre. Il nous aura encore une fois permis de vivre une formidable aventure humaine.

Certains démarraient le tour sans en avoir entendu parler, d’autres n’en pensaient pas grand chose, se disaient que c’était “trop utopiste”....mais si il a permis notre rencontre, c’est peut-être parce qu’il reflète cette espérance d’un monde plus doux et harmonieux présente en chacun de nous.

Un monde où chacun pourrait prendre sa place, être l’artiste de sa propre vie, choisir librement sa direction, se donner à ses passions quelles qu’en soient les rentabilités économiques ou l’utilité sociale.

Un monde où cohabiteraient l’épanouissement individuel et la joie collective.

Un monde où il est possible de prendre le temps, d’apprécier chaque moment de notre courte vie,  de se découvrir, soi et les autres, d’expérimenter, de se tromper.

Un monde où la richesse est placée dans les liens tissés et non dans les biens accumulés.

Un monde où le travail et nos compétences sont orientés vers le bien commun et les problématiques que traverse notre époque.

Un monde qui n’est plus construit en vertical, cloisonné et oppressant mais en cercle, partagé, ouvert sur l’horizon.

En tout cas, vous pouvez être sûrs, et nous le disons haut et fort dans notre quart de siècle,  que nous n’attendrons pas ce monde là pour être heureux, pour faire vivre ce en quoi nous croyons, toutes ces choses qui font qu’une vie est digne d’être vécue.

Vieux monde, tremblez devant la nouvelle génération qui arrive, car ça va groover de ouf !

Elizabeth

Pour ma part, je ne connaissais pas du tout en quoi consistait le revenu universel avant de faire ce voyage. Grâce au film et aux différentes activités de parole, j'ai pu le découvrir. Je pense que le revenu universel pourrait surtout apporter une base solide d'égalité au monde. Tout le monde aurait donc les mêmes moyens, et ainsi auraient un la possibilité de choisir. Ce choix pourrait être de travailler car cela nous apporte de la joie et de l'épanouissement, et non parce que l'on est obligé afin de subvenir à nos besoins. Ce choix pourrait au contraire être de ne pas travailler (dans le sens commun) et de se livrer à d'autres activités, artistiques par exemple, pour lesquelles il est difficile de consacrer le temps que l'on souhaiterait. Voilà ce que j'en retiens pour l'instant, l'égalité et la possibilité du choix. Cependant j'aimerai encore creuser et approfondir mes recherches...

Ensuite, au niveau de l'expérience personnelle de ce voyage... Par où commencer? C'était mon premier voyage à vélo tout d'abord, et j'avais au départ de l'appréhension et des doutes sur mes capacités sportives et physiques. J'ai été agréablement surprise et plutôt fière de moi à la fin de la semaine! Puisque nous allions à notre propre rythme et que le groupe était très solidaire, je n'ai eu aucun problème. (Malgré la chaleur et le relief de la Dordogne!) Ce que je retiens le plus c'est les rencontres que j'ai faites pendant le tour. L'ouverture d'esprit et la bienveillance rayonnante en chacun était comme un réveil spirituel pour une jeune fille de 17 ans comme moi qui n'a pas forcément l'habitude d'être entourée de ce genre de personnes. J'ai l'impression qu'en quelques jours j'ai fait un travail de développement personnel de plusieurs mois, simplement par le biais de météos matinales, de discussions profondes et d'amour omniprésent. J'ai vraiment appris à exprimer mes pensées, mes sentiments, mes peurs de manière totalement naturelle et acceptée par les gens qui m'écoutaient. Une super dynamique de groupe, un voyage intérieur et extérieur, seul et à plusieurs! Une des meilleures expériences de ma vie qui m'a donné envie de vivre comme ca. Merci à toute l'équipe du tour de base de m'avoir ouvert les yeux.


Jules

Je pense que le revenu universel permettrait de prendre plus le temps de profiter de la vie. Selon moi il donnerait à chacun le droit d'investir son temps et son énergie dans les domaines qui l'intéresse sans avoir besoin de justifier d'une rentabilité économique ou d'une utilité sociale. Il aiderait à questionner la notion du travail au sein de notre existence, car il favoriserait l'introspection et l'expérimentation. Dégageant un espace mental nécessaire à la créativité, il offrirait à chacun la possibilité de s'exprimer individuellement. Et si chacun pouvait avoir le temps de se chercher pour exprimer sa sensibilité je pense qu'il y aurait plus de place pour la tolérance, le partage et la différence que de place pour le jugement, la frustration et la culpabilité.

Ce voyage m'a permis de retrouver du sens dans mes rapports humains. Je me suis senti en communion avec les autres, avec la vie et avec le monde. Une partie de moi a eu peur d'être nue, l'autre partie s'est réjouit d'être libre. J'ai encore besoin de temps pour avoir une vision clair sur ce voyage et aussi pour le digérer car je n'avais plus l'habitude de vivre en groupe pendant aussi longtemps à coeur ouvert.


Thomas

Pour moi le revenu universel est un outil de plus pour que chaque individu puisse reprendre pouvoir et responsabilité sur ce qu'il souhaite faire de sa vie et de ses ressources pour contribuer à la société et l'humanité. Aujourd'hui on se sent presque l'obligation d'intégrer un axe économique à notre réflexion de "que faire de ma vie ?" ce qui pour beaucoup bride les possibilités qui se présentent à leurs pieds. Un revenu universel pourrait à mon sens débrider la créativité de chacun en permettant une vraie introspection et enquête intérieure pour aller au plus proche de ce qu'on souhaite réellement contribuer au monde.

Ce voyage m'a offert une nouvelle opportunité d'être qui j'ai envie d'être au sein d'un groupe et dans mon quotidien. De me reconnecter aux besoins les plus "simples" en apparence. D'avoir une direction limpide pour le déroulé de mes journées. Ce que j'ai vécu pendant cette semaine en vélo était une sorte de retour à mes racines essentielles, et l'occasion d'observer directement et vivre de nombreuses choses que je souhaite incarner dans "le reste de ma vie". Une occasion de découverte de soi, de découverte de l'autre, et plus globalement d'une vie dont la simplicité laisse un délicieux après-goût.


Lorenzo

Le revenu universel pourrait permettre de rééquilibrer le rapport de force salarié/employeur et créer in fine un environnement de travail beaucoup plus sain. Il permettrait bien sûr de rééquilibrer la répartition des richesses et rendrait ainsi les prises de décisions mondiales plus justes et en lien avec le besoin commun. Il permettrait à chacun de se découvrir personnellement et créer ainsi une richesse supplémentaire propre à soi et par effet de cascade utile à tout le monde (ex : j’ai du temps pour apprendre la permaculture et donc cela devient bénéfique pour le planète et pour l’humanité ). Je ne suis pas assez calé sur le plan économique mais il permettrait certainement de soutenir une “croissance” durable/verte notamment via un choix élargie vers la consommation responsable moins restreint grâce à un budget plus important ). Un revenu commun participerait à réduire les violences globales liées à la pauvreté.

Ce voyage m’a fait découvrir de superbes personnes avec des projets merveilleux qui redonnent un coup de boost a mes projets personnels.

C’est également un voyage qui m’a permis de me recentrer sur ce dont j’ai réellement besoin et ainsi solidifier mes idées sur la vie en société et l’exemple que je veux donner sur la cause environnementale.

Enfin, ce voyage m’a appris ce que peut apporter le partage sous tous ses aspects. Il permet d’accomplir des projets inconcevables en étant seul. Il ouvre des horizons dont l’individualisation actuelle de la société nous prive. Je regrette d’avoir oublié par mon conditionnement cet aspect.

Pour terminer, j’ai goûté au partage de ses propres émotions au groupe et qui, placé sous le signe de la bienveillance est une force incroyable.


Perrine

Alors, sur la question du revenu universel, j'essaierai de faire une petite liste de ce que je penses que ça pourrait apporter au monde, à l'appui de ce que j'ai pu entendre, lire et réfléchir au cours de ce voyage :

- Plus de détente et un soutien nous encourageant à nous lancer dans les activités qui nous passionnent et font sens pour nous.

- Plus d'égalité au sein de la société quelque soit notre sexe, notre âge, notre couleur de peau... Il y a la notion d'inconditionnalité qui me parle et qui rend les choses plus simple à mon sens au niveau des relations humaines et de notre rapport au "travail".

- Plus de solidarité dans la mesure où il y aurait, de fait, moins de compétition dû à la hiérarchie dans le monde du travail.

Globalement, je pense que le revenu universel, même si il reste un outil de transition pour moi, apporterait au monde une réorientation vers l'essentiel, un début de réflexion et de remise en question d'un monde vertical, compliqué et cloisonné, vers un monde plus horizontal, plus simple et plus libre.

Mais je pense qu'il doit être au service d'une éthique visant à prendre soin de l'humain et de notre planète avant tout. L'intention derrière cet outil doit être claire pour ne pas être utilisée de façon néfaste. Il revient à chacun de faire son cheminement...

Ensuite, pour ce qui est du voyage en lui même, et de ce qu'il m'a apporté, je dirai :

- Beaucoup d'amour, de joies et de rires partagés.

- La rencontre d'un collectif uni qui se soutient et s'entraide même dans les moments difficiles, avec qui on ose parler de nos failles, nos doutes au milieu d'une écoute bienveillante.

- Une grande inspiration de voir des personnes aussi engagées, et de me dire que je pourrai faire pareil. Cela m'a donné l'envie, la créativité, l'énergie de partager les valeurs que je porte et qui me sont chères.

- En quelques mots : beaucoup de gratitude, tout simplement !

Merci, du fond du coeur, à Lena et Isa d'avoir organisé ce voyage qui a l'effet d'un diffuseur de bonnes ondes au milieu des gens (un magnifique virus contagieux qui guérit) !

Et merci bien sûr au groupe de riders <3 Et à tous les gens qui ont fait que cet événement pu avoir lieu.


Simon

Avant de commencer ce tour de base, j'avoue que je ne connaissais pas vraiment le sujet du revenu universel. Je connaissais l'idée générale, qui la défendait et pourquoi mais je ne me suis pas intéressé à ma position à son égard. Pour être honnête je voyais ça comme quelque chose "d'utopiste". Lorsque j'ai commencé à creuser la question, que j'ai regardé des interviews sur le sujet ou du moins qui l'abordait, j'ai commencé à y voir des idées intéressantes mais toujours voilées par des limites importantes à prendre en compte. J'ai donc laissé cette question en suspens. En participant au tour je me suis re-confronté à cette question et aux avis des personnes qui m'entouraient. Si demain, le revenu universel devait être mis en place, je pense qu'il permettrait d'apporter un sentiment de soulagement à de nombreuses personnes, comme un second souffle. Il permettrait à ceux qui en ont besoin de s'épanouir d'avantage dans leur vie, il leur permettrait de ne pas avoir honte de s'adonner pleinement à ce qui les passionne, ce qui les fais vibrer. Aujourd'hui, une activité non salariale ne mérite aucun revenu et n'est ni réellement reconnue. Ceux qui se dévouent à ce type d'activités, sont très régulièrement catégorisés comme marginaux et peuvent être socialement rejettés. Finalement le revenu universel pourrait permettre d'amener une nouvelle forme de "catégorie" sociale et la mise en lumière de savoirs et compétences qui ont tendances à se perdre.

On se l'est dit à la fin de notre voyage, mais clairement, le revenu de base, aussi intéressant qu'il soit, le documentaire, aussi bien qu'il soit, le voyage en lui même à complètement transcendé tout ça. Tout est devenu un prétexte pour partager des moments avec vous. Je pensais voyager à vélo pendant une semaine autour d'une question sociale et je me suis retrouvé catapulté au sein d'un groupe d'amis à partager mes sentiments et ressentis les plus profonds et à remettre en question la moindre de mes idées jusqu'alors figée. De nombreuses lignes ont bougé pendant cette semaine, autant personnellement que dans mes relations amicales et amoureuses. J'ai eu un aperçu du monde dans lequel j'aspire à vivre, entouré de personnes entières qui sont présentes pour vous et pour le collectif, des personnes qui ont beaucoup à partager et qui sont prêtes à recevoir encore plus et des personnes avec qui on peut toucher la profondeur d'une relation humaine. Je remercie la vie pour avoir pu vivre tout cela et de vous avoir tous mis sur ma route. J'ai beaucoup de gratitude envers tout cela et j'espère pouvoir vivre à nouveau ces sensations et finalement les partager autour de moi.


Camille

Avant de commencer ce tour je ne connaissais pas le revenu universel, je n’avais pas idée que cela puisse être admis d’oser penser et vouloir redistribuer la richesse produite à tout un chacun sans contrepartie. En m’autorisant à l’envisager j’ai découvert un champ infini de possibilités. Les incertitudes planant sur nos besoins primaires esquissent un cadre insécurisant qui cloisonnent nos pensées et nos actes, dès lors tournés vers la survie. Un revenu universel inconditionnel et inaliénable permettrait à chacun d’exploiter et de développer son plein potentiel orienté non plus vers la nécessité mais vers la passion, l’envie, la création, l’épanouissement et la quête de soi. C’est en tous cas ce que je pressens intimement sans pouvoir l’expliquer et ce voyage m’a permis d’assoir cette confiance en les gens, en moi, en la vie. Notre tour à vélo a réenchanté mon monde. Je ressort bouleversée, grandie et éveillée de cette expérience humaine et relationnelle hors du commun. Je n’avais aucune attente particulière alors je ne pourrai pas dire que c’était au-delà de mes espérances, mais je ressens une profonde gratitude d’avoir pu partager cette expérience qui m’a permis d’explorer les plus belles parts d’humanité qui flamboient en chacun de nous.


Stephen

Qu'est ce que le revenu universel pourrait apporter au monde ?
La possibilité aux gens de pouvoir plus vivre pour eux et pour ceux qui les fait vibrer, de moins ressentir la pression et le stress que la société actuelle nous impose, pouvoir exercer nos loisirs, nos passions ou tout autre activité à notre guise, pouvoir simplement vivre sans se poser de questions. Une vie simple dans un monde pas aussi compliqué qu'on veut nous le faire entendre.

Qu'est ce que ce voyage m'a apporté personnellement ?
Mais alors la.. j'aurais tellement de choses à dire. Et sûrement certaines que j'ai oublié.
On va essayer de retracer le voyage en plusieurs étapes avant de faire une conclusion, qui je pense sera de plus en plus claire au fil du texte.
Pré-voyage : les copains me parlent de faire cette expérience, tout de suite par habitude et sans vraiment y réfléchir je décline la proposition, puis en les écoutants parler je me dis que, pour une fois, pourquoi ne pas tenter ? Ni une ni deux je fais la surprise de revenir à la maison avec un vélo afin de pouvoir les accompagner, sourire général, on verra bien ce que cela nous réserve. Puis nous partons à Décathlon et autres magasins du style afin d'acheter les équipements manquants et nécessaires. Viens les premières histoires, ce tour dans le magasin, simple en apparence, se révèle vite être sous tension, désaccord sur les achats, stress jusqu'à vouloir annuler me disant que de toute façon si ça commence comme ça ça n'en vaut pas la peine. Le temps passant, finalement on se calme et on prend la route du tour !

Premier jour : Départ de la maison, une certaine boule au ventre, même si c'est un mini voyae, le fait de partir comme ça à l'inconnu me rend assez mal, puis nous arrivons chez Léna, en dernier il me semble ou quasiment, j'écoute les autres parler, comme toujours quand il y a trop d'inconnus d'un coup je m'efface et je préfère rester en retrait. Les discussions sont brèves et nous partons à la première soirée, qui se passe bien, malgré le fait que je reste toujours à proximité des gens que je connais et que je ne vais pas trop vers les autres, les discussions sont la pour meubler et j'ai du mal à vraiment m'intéresser comme je le voudrais au fond de moi. Pourtant je sens quand même que les personnes qui vont faire le tour avec moi sont bienveillantes et très gentilles, la première soirée se termine donc ici, pas la peine de détailler plus sur ce qu'il s'y est passé, je m'attarde seulement sur mon état.

Nous voilà rendu au lendemain, première photo tous ensemble.. anodine au premier abord, mais elle avait bien cerné l'harmonie qu'il y avait au sein de ce groupe et le voyage de fou de qualité qui s'annonçait. Check-up des vélos de tout le monde, et c'est parti pour les premiers kilomètres.. ah non premiers mètres il faut déjà régler quelques vélos haha. Mais quel est ce sentiment ? Si inquiet et si réservé la veille, comment ça se fait qu'après juste des échanges le matin tous ensemble même succinct et quelques réparations de vélo je me sens si bien ? Si heureux "d'aider" alors que je sors juste un tournevis basique.. le sourire de tout le monde, on sent que personne n'a d'attitude à "faire le malin" ou le "chef" comme dans les groupes habituels mais qu'au contraire tout le monde est content de voir 2 personnes ou plus s'aider.

Putain mais c'est génial ! Je savais dès cet instant que ce n'était pas un sentiment ou des attitudes éphémères mais au contraire quelque chose de très ancré en chacun..

Juste après cet instant, un gros déclic, je me suis forcé à discuter avec ceux du groupe, bien entendu mes discussions étaient sincères et j'en avais vraiment envie, mais j'ai levé mon "bridage" ou je m'interdisait de le faire dans la crainte de ne pas être intéressant. Et qu'est ce que je me suis trompé.

Au fur et à mesure de ces fameuses discussions avec un peu tout le monde donc, je me rends compte à quel point il y a des personnes formidables, que j'ai autant de points communs avec d'autres alors que jusqu'ici dans ma vie je n'avais pas d'autres références en la matière jusque la.. à tel point qu'en seulement quelques jours ces gens connaissaient mieux ma vie, mes soucis, mes craintes et mes motivations que les personnes que je côtoyais depuis des années.

Des liens très forts ont été tissés. Je n'aurais jamais cru cela possible, surtout en ce laps de temps très court. Je m'arrête ici sur le voyage en lui même, je pense que ces quelques mots suffisent.

Pour conclure :
Ce voyage a été extrêmement enrichissant et épanouissant pour moi, j'ai réalisé à quel point il m'avait changé et fait grandir, à quel point les gens étaient exceptionnels, rassurants et aimant, à quel point le fait d'être entouré d'aussi bonnes personnes était rassurant, réconfortant.

Je ne remercie jamais assez les personnes qui ont organisé ça.. merci du fond du coeur, vous êtes tous devenus des amis très proches, à qui je peux me confier, auquel je prends énormément de plaisir à voir, à discuter, à échanger profondément.

Est-ce que je referai ce voyage : Evidemment ! Si j'en ai la possibilité ( et je ferai tout pour l'avoir ) grave !

Est-ce que je vous aime tous de ouf ? : Putain que oui, et j'ose le dire pour la première fois, oui vous êtes tous mes amis, des amis précieux.


Jeremie

Je pense que le revenu de base, dans tous ses aspects, peut apporter un réel changement à notre société actuelle et aux humains et groupes d humains qui la composent.

Sur un plan économique d abord,

Je pense qu il pourrait nous permettre de redinamiser une économie local et favoriser l échange et la production dans les différentes villes et régions. Déstructurer doucement ce ssysteme de sur échange international.

Sur le plan social ensuite, je pense qu il pourrait permettre de recréer du lien entre les différents individus et favoriser une inertie locale.

Sur le plan individuel enfin,

Je pense qu il pourrait permettre à chacun de faire des choix décomplexés par rapport aux besoins économiques qui nous étouffent.

Le tour de base 2020 à été pour moi très fort en émotions.

Des rencontres avec des personnes incroyables et une superbe inertie de groupe ont permis de faire de cette semaine une expérience inoubliable. Un grand merci à nos deux organisatrices et à leur superbe travail !

À refaire l année prochaine !

Les photos

Lille - Bruxelles 

Le 8 Août, Pascale, Bernarth, Eva et Jan n’ont pas attendu le lendemain pour avoir la frite et ont embarqué dans le grand Nord, où leurs vélos affichaient les couleurs rafraîchissantes de leur engagement et leur enthousiasme à propulser une autre vision du monde. Un monde où il ne serait pas indécent de repenser l’égalité pour tous et l’émancipation pour chacun.

Et résultat, qu’ils soient de prime abord intéressés ou non, toutes générations confondues, les sujets vieux et jeunes ont toujours été accueillants avec nos aventuriers.

Tour de base du Nord 2020
les Flandres françaises et belges et au delà

Jour 1 / mardi 11 août / Villeneuve d’Ascq

Action de sensibilisation du public à Vd’Ascq (rédacteurs Bernarth, Pascale, Eva, Jan)
chacun écrit les réactions des personnes rencontrées.

Nous décidons de consacrer la première journée de notre tour à une action place de la mairie à Villeneuve d’Ascq. Ce jour nous ne nous lancerons pas encore sur les routes à cause des températures caniculaires et des conditions de distance physique pour lutter contre le covid. Par ailleurs nous n’avons pas complètement terminé nos bagages. Tout au plus nous avons rassemblés les sacoches, sacs de couchages, tentes et autres accessoires de camping...  3 personnes avec vélos pas complètement chargés et les affichages, positionnés entre l’hôtel de ville, la station de métro et l’entrée du centre commercial nous rencontrons des habitants, des personnes qui font leurs courses, des voyageurs, des promeneurs.

  • Un couple de septuagénaires, en habits nord africains, s'arrête à ma question "Connaissez vous le revenu de base ?". Souriants et à l'écoute, ils ne connaissent pas et prennent, je crois voir avec intérêt, le flyer que je leur tends. Après une courte explication madame m’interrompe et m'explique qu'elle va montrer le flyer à ses enfants car elle ne sait pas lire; elle le plie soigneusement dans son sac à main. J'aimerais avoir leurs avis immédiatement mais l'échange ne s'installe pas, ils s'éloignent déjà.
  • Marthe s'est montrée très intéressée, par ailleurs elle est membre de plusieurs associations France-Palestine, les Artisans du monde… est-ce cette implication militante qui fait cette ouverture et cette sensibilité au revenu de base?
  • Serge, militant associatif et responsable régional de l'association "Agir contre le chômage" nous rejoint suite à l'invitation à cet événement diffusée par Eva au sein du Collectif citoyen "Villeneuve d'Ascq citoyenne, écolo, solidaire". Il nous raconte ses contacts avec Benoit Hamon; candidat aux présidentielles 2017 ayant mentionné un revenu de base dans son programme. Il s'investit dans la préparation de rencontres ou ateliers en octobre où il souhaite faire témoigner des travailleurs pauvres ou chômeurs et précaires de tout poil...Il prévoit une réunion le 25 septembre à laquelle il convie Eva et Virginie Deleu et autres associations concernées... pour parler du revenu de base. Il reste un moment avec nous et aborde un ou deux passants.
  • Avec Jean-Claude l'échange porte au début sur qui doit le mettre en place et quand avec un leitmotiv amer que ce n'est pas prêt. Nous discutons aussi des publics concernés plus particulièrement et le sujet tourne vers les expulsions locatives et les radiations de la liste des demandeurs d'emploi. Deux dossiers d'action de Serge.

Nous distribuons quelques flyers et quelques documents plus complets. Les habitants sont intéressés et à l’écoute. A la question « et vous, que feriez vous si votre revenu était garanti? » nous n’obtenons pas beaucoup de réponses. Les conditions de rencontre ne permettent pas à chacun de réfléchir et formuler une réponse. La réponse viendra à une autre occasion.

  • Des habitants font signe à distance qu’ils ne veulent pas de contact. J’imagine qu’ils ne savent pas de quoi je veux parler. En me présentant à eux en short, à proximité des vélos, et accompagné de mes deux camarades démarcheurs, je pensais que ça suffirait à rassurer tout le monde. Je me rends compte que mon approche n’est pas au point. Si je ne souhaite pas devenir un pro de l’accroche, car au fond je n’ai rien à vendre, je regrette que le contact ne soit pas fait. Demander; Est-ce que vous être au courant, est-ce que vous connaissez le revenu de base, ne donne pas grand chose. Je me rappelle que dans d’autres circonstances pour recueillir des signatures pour un air de qualité, ma table de bistrot dans la rue et mes papiers à signer avaient eu un certain succès; presque 100 signatures en 2 heures. Etait-ce la table, le choix du lieu, l’horaire, l’accroche et le slogan? Présenter le revu de base est autrement complexe!
  • Au moment de lui remettre le flyer Andréa une dame âgée alerte, grisonnante aux cheveux courts, chargée d’un léger caba, m’explique que sa retraite est maigre, mais qu’elle ne se plaint pas car d’autres... après quelques minutes elle s’inquiète de ne pas devoir donner quelque chose. Je la rassure; c’est la société qui plus tard lui donnera ce revenu... Malgré cela elle s’excuse encore d’avoir une trop petite retraite. Cela me questionne sur la confusion possible avec les démarcheurs qui cachent souvent leurs desseins commerciaux...Comment faire pour ne pas être confondus? Les pancartes peintes à la main peuvent être rassurantes. Mes flyers bien imprimés ressemblent à un contrat à signer. Je me demande à quel moment de mon discours j’ai pu passer pour un représentant de commerce. Il faut entendre là aussi les inquiétudes ambiantes générales permanentes et la vulnérabilité des nos voisins... Faut-il démarcher dans la rue, accepter d’être confondu, préférez un stand au salon des associations? Cela me rappelle le salon À la foire de Lille AMENAGO; aménagement bio dans lequel le public sait qu’il peut être démarché et qui est prêt à cela et même qui s’amuse de propositions alternatives...
  • Jeremy, un autre passant la quarantaine, souriant, avenant dreadlocks en famille, s’amuse de mon tee shirt au slogan allez les verts. Il pensait me charrier sur les résultats des verts et associés aux élections municipales et j’éclaircie la situation... Il trouve le revenu de base intéressant, se demande si les habitants ne vont pas vouloir échapper au travail et s’inquiète de ce que les travaux pénibles ne trouveront plus de volontaires (contraints, esclaves de notre société), j’évoque le changement de société, le possible et souhaitable changement de rapport au travail, la disparition probable de travaux inutiles... je lui laisse un papier avec les adresses internet pour prolonger la rencontre.
  • Françoise 50 ans découvre le revenu de base. Je la vois plus loin s’assoir pour fumer une cigarette. Est-ce la cigarette qui lui donne l’habitude d’être arrêtée dans la rue?
  • Vincent 55 ans en fauteuil roulant s’indigne que l’aide donnée aux enfants qui entrent à l’école ait été supprimée pour ceux qui sont admis en établissement spécialisé. Il me dit qu’il vit avec 700 euros (je ne suis pas certain du montant)
  • Des passants qui ne s’attardent pas attrapent le flyer tendu et je me demande s’ils vont et où ils vont le déposer pour s’en débarrasser.
  • D’autres disent qu’ils en prendront connaissance sans manifester plus d’intérêt que par politesse.
  • Aurélien, jeune SDF, dans la rue depuis que la chute d'un toit lui a rompu les poignets, il travaillait dans la restauration. Intéressé par le revenu de base, il m'écoute, après avoir généreusement exposé sa vie. Il est joyeux de l'intérêt que je lui porte et amusé par mon enthousiasme.
  • Rachida a du mal à se laisser convaincre par l'idée du revenu de base tant elle se sent cernée par les gens qui d'après elle :" abusent du système". Nous finissons, après un long échange, par trouver un terrain d'entente. Sans se laisser pleinement convaincre, elle est enchantée d'avoir pu échanger, argumenter, et nuancer sa position.
  • Salima est directement emballée. Elle est très à l'affût de pensées nouvelles. Elle se précipite sur notre livre de bord pour y inscrire son adresse mail. Elle tient absolument à être informée de nos actions, et manifeste son désir de nous soutenir.
  • Frédéric est sceptique : "Et si la création d'un revenu de base était un moyen d'inciter la population à ne pas travailler ?". Nous échangeons autour de la notion de travail, de ses transformations au cours de ces dernières décennies. Il affine son propos, il montre des signes d'ouverture à l'idée. Mais il était déjà pressé au moment où je l'ai abordé. Preuve de l'intérêt du sujet, il m'a accordé plus de 10mn. L'ICE, ce sera du gâteau...

Nous sommes restés deux heures à parler de façon discontinue sous nos masques et à distance raisonnable mais pas excessive des passants. Avec le sentiment de na pas avoir perdu de temps, nous enfourchons nos vélos pour rentrer chez nous à deux pas de là et faire le point sur ces manœuvres (ou sur notre départ cycliste demain matin à la fraîche).

Jour 2 / mercredi 12 août / Villeneuve d’Ascq – Mont Noir

A cause des températures élevées nous ne sommes pas très chauds pour partir sur les routes à vélo. Avec ça il y a les précautions covidiennes habituelles qui nous font penser que ce ne sera pas facile et peut-être impossible d’approcher les gens pour leur parler du revenu de base. Nous avons évoqué les possibilité de retrait et donc nous sommes rassurés. Ce matin après une nuit où le sommeil n’est pas venu facilement nous avons mis le réveil à 6h pour un départ prévu à 7h ou pas beaucoup plus histoire d’être sur les routes à la fraiche. Il nous reste à rejoindre pascale de l’autre côté de la ville et nous lancer sur les chemin le long du canal et donc nous espérons bénéficier de son inertie (de sa fraicheur). Nous sommes assez surpris de trouver de la fraicheur par le simple fait de créer un courant d’air de plus ou moins 15km/h. Pour commencer notre voyage, une première crevaison nous ralenti à peine et n’entame pas notre bonne humeur. C’est vrai qu’une crevaison tous les 15 ans ce n’est pas cher payer de rouler continuellement sur des tessons de bouteille. Un regret quand même celui de ne pas avoir nettoyé les jantes du vélo pneumatiquement défaillant qui nous fait avoir les mains et genoux noirs comme des charbonniers. Les dix mètres qui nous séparent de la maison de pascale nous permettent de repartir plus propres qu’à l’arrivée. Voilà c’est fait, l’incident indispensable est maintenant derrière nous.

  • Alors que nous réparons nous trouvons l’occasion de dire aux voisins de Pascale qui sont tantôt les parents accompagnés d’enfants ou des promeneurs de chiens ce que nous faisons et déjà nous suscitons l’intérêt. Ici Elodie une jeune maman sympa qui promène un nourrisson en poussette à la fraîche nous questionne sur nos affiches et nous renseigne sur un itinéraire le long du canal. Elle pense sans doute que chargés comme nous le sommes nous venons de l'autre bout du monde. De loin plus tard réparation faite, elle nous fait de grands signes pour nous indiquer la direction que nous prenons.

En quelques pédalées nous sommes sur le chemin de halage et le journée est prometteuse.

  • A la première halte nous sommes rejoint par Elisabeth, une piétonne qui s’intéresse à nos panneaux de communication et nos slogans émancipatoires. Bien que nous ne soyons pas tout à fait sur la même longueur d’onde le contact est enjoué et positif et nous égrenons les sujets communs. C’est l’occasion d’entendre des besoins d’un autre monde. Le revenu de base a besoin d’un monde ouvert et il promet bien des changements. Nous discutons librement et Elisabeth enregistre le murmure des arbres en même temps que nos voix et nous repartons.

Pascale est enchantée et convaincue de la capacité de notre communication visuelle à susciter le commentaire et le contact. Nos affiches sont toutes différentes imprimées ou peintes. Pour ma part j’ai choisi le format imprimé et j’estime que le format est sans doute trop réduit pour que les moins curieux puissent comprendre ce que nous crions par ces moyens silencieusement. Il faudrait des affiches un peu plus large pour les installer sur les sacoches arrières.  Un panneau horizontale de 60 par 35 cm serait facilement accroché sur les sacoches arrières. Nous grignotons les km et les amandes jusqu’à trouver un bistrot où nous apprécions une première bière en croquant une portions de frites pour 4 pour ressembler le plus possible à l’affiche du tour de base lillois.

Pascale explique nos objectifs de repérage pour le tour de base prochain et notre objectif de communication au gérant du café. Elle invente une formule (que je ne mémorise pas): « nous sommes heureux de nous donner cette liberté d’être libres... » Pascale corrigera. C’est un aphorisme somme toute pas si simple à répéter et sans doute pas si simple à comprendre. Le patron, poli commente peu (je ne me rappelle pas) C'était peut-être plus loin sur le parcours.
Photo mémoire devant la mairie de Bailleul où nous cherchons la bonne distance pour la moindre déformation on parle d’aberration optique et nous reprenons la route vers le Mont Noir. Choix de l’itinéraire et arguments; plus long et moins pentu ou plus court et plus pentu. Enfin des pentes qui nous emmènent en altitude où nous dominons le paysage sans dominer la pente. C’est elle qui commande et elle nous tire non pas des larme mais une sueur abondante et quelques râles.

Nous campons entre les arbres dans un frais relatif mais c’est la piscine qui nous rafraîchit le mieux.  Même les douches sont brûlantes. Le thermostat n’a pas été programmé pour apporter des calories négatives et apaisantes. Il n’y a rien d’autre que la transpiration pour dissiper nos calories. malgré cela nous installons un campement et déballons nos minces duvets qui ne seront pas fermés cette nuit. Avant de nous coucher, nous prenons un rafraichissement en terrasse mais les guêpes voulant partager nos boissons nous nous abritons. Le camping est désert et triste. je cause au gardien gérant du revenu de base: il est poli. Comprends-t-il qu’il pourrait passer les saisons creuses plus tranquillement, embaucher, s’associer???

Jour 3 / jeudi 13 août / Mont Noir – Coudekerque village

Nous quittons le Mont-Noir et ses vues imprenables sur les Flandres, heureux de pouvoir reprendre la pente qui nous a fait souffrir la veille, dans le sens de la descente. Cette joie se décuple dans les chemins de campagne qui nous ravissent. Nous sortons de notre itinéraire à Berthen, à la vue d'un panneau nous indiquant la direction d'une épicerie bar Bio, endroit idéal pour faire notre ravitaillement. Sans que l'on ne le soupçonne derrière la porte de ce lieu , nous découvrons Sophie, au parcours atypique, pleinement engagée dans une démarche de renouveau. La conversation s'installe et elle nous fait part de toute la dynamique alternative du secteur. Déjà, ensemble nous projetons une association possible pour le Tour de base 2021. Non loin de là, Bernarth a déjà eu le temps de prendre contact avec un éleveur poussé à intensifier son activité et ne se reconnaissant pas dans ce modèle. Aujourd'hui le gérant d'un lieu d'hébergement pas commun, lui aussi à la recherche de nouvelles solutions pour le monde de demain. Réjouis de nos trouvailles, nous reprenons la route et nous oscillons autour de la frontière franco - belge. Notre itinéraire se ponctue de rencontres et autant d'occasions d'aborder l'idée du revenu de base :

  • A Boeschepe, un couple de gérants de café, nous explique leurs choix suscités par le confinement : coopérer avec les acteurs commerciaux, favoriser la fabrication locale, ralentir le rythme de travail,
  • A Wattou, un sculpteur affairé à la réalisation du Sancho Pança qui manque au Don Quichotte qui galope dans son jardin. Le revenu est fait pour lui.
    Puis, un ancien participant d’un tour de France entre copains, nous ayant surpris penchés sur la carte, ne résiste pas à l'envie de nous clamer ses exploits,
  • A Herzeele, deux veuves à la recherche d'ombre, s'inquiètent de notre sort qui nous avait conduit à chercher la fraicheur des pierres de l'église.
  • Puis deux jeunes filles nous interpellent à la vue de nos panneaux accrochés aux sacoches. Elles veulent en savoir plus sur le revenu de base.
  • Retardés volontairement, nous arriverons enfin à Coudekerque village. Ce soir là nous n'atteindrons pas la mer ! Arrivés à l’heure de fermeture des campings nos pancartes attirent l’œil d'un campeur qui lance Eva dans le débat. Michel devant la friterie du camping est interpellé par le panneau sur le vélo d'Eva, la discussion: une incompréhension au début qu'un revenu puisse être dissocié de l'emploi donc la confusion qu'il faudra avoir plusieurs boulots pour additionner des revenus pour arriver ainsi à une somme suffisante. Quand la dissociation des deux est comprise s'installe vite le soupçon de créer ainsi "une société de fainéants. Car les gens ne veulent pas travailler et le revenu de base les y autoriserait."

L'orage nous saisit en plein repas. Nous trouvons refuge dans le bar du camping. ouf, nous sauvons les bières et la frite. Décidément, nous collons parfaitement à l'affiche. Là, nous ne résisterons pas à l'envie de pousser la chansonnette sur l'air de "à bicyclette".
Nous échangeons avec les vacanciers une maman d’un jeune vacancier volontaire pour nous aider à planter la tente nous lance "la coopération c'est la base".
karaoké au camping des Bois des Forts, camping très familial, les gens accueillants, chaleureux.Le camping du Mont Noir nous semble rétrospectivement bien endormi. La chaleur peut-être. Ici l’orage craque, on pourrait de doucher dans les allées.

Jour 4 / vendredi 14 août / Coudekerque village - Dunkerque

Un jeton de douche n'a pas déclenché les flots rafraîchissants pendant les 4 minutes attendu... nous ne divulguerons pas qui ne s'est pas lavé. Ce qui se passe à Coudekerque reste à Coudekerque. Petit déjeuner chez les parents de Pascale à Coudekerque branche: plus confortable pour certains de nos genoux et bas du dos, car assis à table et aussi tellement accueillant.
Visite chez Laurence et Olivier, les amis de Pascale.
Nous avons rencontré "Les têtes led" : la déambulation burlesque de et par Articho et compagnie: "A force de plonger nos têtes dans les écrans voici ce que nous réserve le futur ! " En cette soirée chaude et détendue de vacances d'été, une famille particulière apparaît sur la digue. Le revenu de base ils l’attendent depuis longtemps. Les derniers temps de confinement ont mis à mal leurs activités, le revenu en aurait rassuré plus d’un.
La bonne surprise est le camping de La Licorne à Dunkerque. Vu en photo aérienne pendant les préparatifs, le camping nous semblait être un désert desséché plombé par le soleil ardent pendant cette semaine de canicule. Aucun arbre ne pousse à proximité des dunes qui sépare le camping de la plage. Ce sont les nuages qui nous font nous sentir même très bien dans ce camping de grande taille (1000 personnes). Il reste une option... dans nos tablettes préparation pour un tour de base 2021.

Jour 5 / samedi 15 août / Dunkerque - Watten

Le jour des zig-zag et du carnaval (rédactrice Eva )Jusqu'à Watten nous tirons des bords entre les champs. En visant les clochers et grands bâtiments nous semblons faire du surplace. Nous parcourons quand même une quarantaine de km. Le long du canal, aux abords des jardin familiaux nous rencontrons un jardinier qui se dit enseveli sous les courgettes et qui nous offre sa dernière prise. Nous échangeons nos recettes soupe par ci courgette râpée à l'ail par là et reprenons la route. Nous passons devant 3 camionneurs immatriculés en Roumanie et qui sont installés à l'abri dans la remorque. On pourrait s'arrêter et discuter avec eux; ils pourraient être intéressés par un revenu qui ne les jetterait pas sur les routes et les parking de staions services, sans douche, sans aménagement, sans perspective...

Vers 20h nous arrivons entre deux petites averses dans un camping, celui du Val Joly où l'ambiance est à la fête. Au programme, ce soir un spectacle réunit presque tout le monde pour voir des danseurs brésiliens et déguster des pizzas savoureuses au comptoir du food truck. Nous retenons une table sous le barnum et c'est la fête. Le public de cheveux blancs est conquis et montre son plaisir. Nous nous laissons contaminer par leur enthousiasme.

Jour 6 / dimanche 16 août / Watten – St Omer - Lille

Départ: du camping de Watten vers midi après avoir bu un café chez le patron du camping, discuté avec les différents voisins et rangé notre campement. 2h de balade plus tard nous nous réfugions à cause de la pluie sous un abri bus pour « cuisiner » nos dernières réserves et manger de la semoule et des haricots. Jan découvre après la pluie qu’un  terrain de sport est juste à coté de nous. Nous faisons une course et nous repartons à vélo direction St Omer.
Nous avons longé le canal de l'Aa qui ne se trouvait pas loin de nous. Et nous pédalons jusqu'au pont vert que nous traversons.
Nous roulons encore 1km et la pluie redouble, nous pédalons sous nos ponchos. Puis nous nous abritons sous un pont ou un famille s'est aussi abritée.

  • Remy et Elodie et leur trois enfants sont en ballade le long du canal; ils sont sortis sans protection de pluie. Cet abri temporaire, car les averses sont fréquentes mais courtes, nous permet d'aborder avec ce public captif le sujet du revenu de base. Justement en parlant du changement de relation entre employeur et employés le papa nous dit qu'il est lui-même un petit patron inquiet du manque d’engagement des employés auxquels il est régulièrement confronté. Il craint que la situation se dégrade encore. Nous n’avons pas le temps de répondre à ces craintes. Nous imaginons que le revenu de base pourrait voir se développer des entreprises coopératives. Les coopératives ne suppriment pas toutes les difficultés et enjeux de pouvoir dans les entreprises... Nous évoquons le problème de l'autonomie et capacité d'initiative. La discussion devrait être prolongée...
    Jan remarque et note qu’ils ont tous des suspensions sauf le vélo cargo qui transporte un bébé et un tout petit vélo tiré par le papa qui a aussi un siège enfant. Nous leur disons que nous Rejoignons la gare dans l’espoir de prendre le train le jour même et ils nous invitent à dormir chez eu s'il n'y avait pas de train. Nous avons bien envie d’accepter l’invitation.
    arrivée: St Omer vers 18h à la gare nous prenons le train a 18h 45
    Nos fontes vides, et notre programme de demain déjà bouclé nous aide à choisir de rentrer. Nous nous promettons de revenir; il y a des gens à rencontrer et des paysages de canaux à parcourir.
  • Sur le quai d’autres discussions avec Delphine une maman qui sait comment elle utiliserait son revenu garanti.
  • Philippe un cycliste qui propose des ruptures conventionnelles pour voyager autour du monde....
    Le train entre en gare nous le prenons et arrivons 20 mn plus tard à Lille où nous décidons de prolonger le voyage en allant dans un bistrot pour boire un coup avec d'autres cyclistes rencontrés dans le train.
  • Là on parle encore de revenu et toujours de bicyclette et un peu de philosophie...

Les photos

Montreuil 

Il fallait quand même un peu de courage le 8 août pour braver la chaleur !!

Une belle journée utile et agréable à la rencontre des Montreuillois. Réunis pour présenter le revenu de base cette journée a été riche en échanges. Nous avons organisé un pique- nique au Parc des Beaumonts et Eric en a profité pour animer un atelier « la Fresque du Climat ». Merci à lui de nous avoir expliqué de façon ludique et sérieuse les enjeux liés au changement climatique.

Par ailleurs, une des réponses serait la création d’un revenu de base en monnaie locale/monnaie nationale, et une autre réponse, complémentaire, serait la diminution du temps de travail…

L’urgence c’est maintenant ! Nous avons l’espoir d’une prise de conscience collective et si vous voulez faire partie de cette belle aventure : un Revenu de Base à Montreuil ! Vous avez toute votre place dans notre mouvement ! Rejoignez-nous !

contact@mfrbmontreuil.info

« Seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin »