Dans une interview donnée récemment à The Economist, Yanis Varoufakis a caractérisé le revenu de base comme une approche « absolument essentielle » pour l’avenir de la social-démocratie.
C’est un soutien majeur à l’idée du revenu de base de la part d’une étoile montante de la gauche européenne. Économiste de formation, Varoufakis fut notamment ministre des finances de la Grèce dans le premier gouvernement Syriza parvenu au pouvoir en janvier 2015. Il a récemment lancé le « Mouvement pour une Europe Démocratique 2025 », DiEM25, avec l’ambition de faire passer l’Union Européenne d’une technocratie élitiste à une institution transparente et démocratique qui serve les intérêts du peuple.
Dans cet entretien, Varoufakis relie revenu de base et société démocratique :
« Aujourd’hui nous sommes face à un problème : une large part de la population est peu valorisée économiquement. C’est une bombe à retardement à la base de la société. Il est crucial de s’assurer que la création de richesses considérables dont est capable le capital ne mette pas le feu aux poudres — c’est l’idée du revenu de base. Elle est essentielle mais ne fait pas partie de la tradition démocratique. Réfléchissez‑y un instant. Après-guerre, le consensus portait sur l’assurance sociale, pas sur le revenu de base. Aujourd’hui, soit nous mettons en place un revenu de base qui va réguler cette société nouvelle, soit nous serons confrontés à des problèmes sociaux majeurs, qui ne seront qu’aggravés par la xénophobie, les réfugiés, l’immigration, etc. »
Plus loin, il ajoute :
« Alors, de quoi avons-nous besoin pour donner espoir ? Voilà la question. Dans les années 50 et 60, l’espoir c’était l’horizon d’une prospérité partagée. (…) Je crois donc que le revenu de base peut être un espoir, à condition que (…) nous expliquions d’où viendra l’argent, que ce ne sera pas simplement de la dette, que nous allons voir nos revenus augmenter et qu’une partie ira au financement. Mais nous, la Gauche, ne devons pas avoir peur. »
Nourrir les surfeurs
Varoufakis mentionne également la fameuse controverse née entre Philippe van Parijs et John Rawls, autour de la question « Faut-il nourrir les surfeurs ? ». Varoufakis se range au côté de van Parijs :
« J’ai donné il y a quelque temps aux États-unis une conférence où j’ai dit : oui, les surfeurs californiens doivent être nourris, comme nous tous. On peut être en désaccord, penser que ce sont des vauriens, mais ils méritent un revenu de base aussi.
D’accord, ils ne méritent pas, mais ils doivent le toucher, car c’est ainsi que l’on peut consolider la société. Mais nous avons besoin de politiciens capables de dire publiquement : « Vous voyez là-bas ce bon-à-rien que vous haïssez ? Nous devons le nourrir. Et nous devons nous assurer qu’il ait un toit. Car s’il est à la rue, tombe malade et ainsi de suite, alors c’est une charge supplémentaire pour nous tous. »
C’est la première fois que Varoufakis défend ouvertement le revenu de base, mais il y a déjà fait allusion par le passé.
En 2010, il a co-écrit avec Stuart Holland un rapport intitulé The Modest Proposal (La Proposition Modeste) qui présente quatre propositions pour résoudre la crise structurelle de l’Union monétaire européenne. La quatrième, le Programme de Solidarité Sociale d’Urgence, avance l’idée d’une mesure d’urgence à l’échelle de l’Europe, destinée à réduire la pauvreté, sur le modèle des bons d’alimentation. Ceci afin de renforcer l’Union et de redistribuer à tous les surplus commerciaux dégagés par quelques pays, comme l’Allemagne. Un tel système pourrait même être financé par la Banque Centrale Européenne [vidéo en anglais] :
Article original paru sur basicincome.org. Adaptation française : Maxime Vendé. Illustration : CC EU Council Eurozone
D’accord avec tout ce qu’il dit, sauf pour l’appelation de ceux qui “ne méritent pas” et l’appelation “bon à rien” (même si je ne lui impute pas, qu’elle est de toute façon reprise par la majorité des angles de vus auxquels il à le courage lui, de justement de s’opposer).
Le surfeur californien (un exemple comme bien d’autres) avec son revenu de base pourra (peut-être) renouveller de son équipement, participer aux compétitions, voir en organiser… Des fabricants y trouverons leurs comptes, et sûrement d’autres avec. Bien plus que s’il doit vivre définitivement en marge et dans la misère pour vivre sa passion.