La nouvelle directive européenne sur le crédit à la consommation est-elle en train de transformer le découvert bancaire en nouvelle forme de dépendance ? On fait le point à partir des directives officielles, de notre revue de presse et des témoignage d’un de nos adhérents.

Pour beaucoup de Français·es, être à découvert est tout sauf la conséquence d’une consommation irraisonnée. C’est une manière de survivre, de pouvoir « faire les courses « avant la fin du mois, régler une facture qu’on n’attendait pas, ou de respirer un peu entre deux rentrées d’argent.
Selon une enquête, près d’un Français sur deux se retrouve dans le rouge au moins une fois par an. Et pour nombre d’entre eux, ce n’est pas une facilité : c’est une habitude contrainte, un mode de vie subi.

« Je suis en mode survie en permanence », confie une femme interrogée par la rédaction. « Le découvert, c’est devenu un besoin, pas un choix. » (France Info, 7/11/2025)

Or, une directive européenne va bientôt bouleverser cette réalité : à partir du 20 novembre 2026, tout découvert bancaire, même inférieur à 200 €, devra être traité comme un crédit à la consommation. Les banques devront vérifier la « solvabilité » de leurs clients avant d’accorder cette autorisation. 

Pour beaucoup, cette mesure revient à moraliser la précarité. Le découvert, jusque-là considéré comme un filet de sécurité, deviendra donc un crédit surveillé. Et qui dit crédit, dit contrôle, taux d’intérêt, conditions d’octroi…etc.
La précarité financière et le recours au découvert, Arthur connaît bien et il s’élève contre cette dérive :

« Être à découvert, ça n’est pas quelque chose de honteux car cela est trois fois bénéfique pour l’économie :
- cela fait gagner de l’argent aux commerçants
- cela vous donne du pouvoir d’achat
- cela fait gagner de l’argent à la banque. »

Mais ce que la directive change, c’est le sens même du rapport à l’argent :

« Un découvert, c’est une liberté : la banque vous fait confiance parce qu’elle connaît vos revenus. Un crédit à la consommation, c’est tout l’inverse : on fouille, on juge, on contrôle. Vous n’êtes plus libre, mais une marionnette de l’organisme de crédit. »

L’auteur de ce témoignage rappelle que, dans la langue allemande, « Schuld » signifie à la fois dette et culpabilité. Ce rapprochement n’a rien d’anodin : dans nos sociétés modernes, l’endettement n’est plus seulement un fait économique — c’est une marque morale.
Être à découvert, c’est désormais devoir se justifier. Et pour les plus modestes, c’est subir la double peine : être dans le rouge, puis être jugé pour cela.

Cette réforme européenne se veut une protection contre le surendettement…mais elle risque d’avoir l’effet inverse : elle peut réduire l’accès au découvert pour les ménages les plus fragiles, en augmentant la dépendance aux crédits classiques – plus coûteux – et en alimentant la honte d’être pauvre dans un système qui valorise la « bonne gestion » et le contrôle.

L’Union nationale des associations familiales (UNAF) s’en inquiète d’ailleurs : « Le resserrement des conditions d’octroi du découvert bancaire va avoir des conséquences sur le budget des familles ».

Au fond, ce débat dépasse la technique bancaire, il parle surtout de dignité.
Derrière ce contrôle de solvabilité, une question politique se pose : à partir de quel moment une société considère-t-elle qu’un citoyen est digne de confiance ?

Le revenu de base universel et inconditionnel répond justement à cette interrogation. En assurant à chacun un plancher de sécurité à tous·tes, il rendrait obsolète le recours permanent au découvert et redonnerait de l’air aux ménages : « Vive la liberté, vive la démocratie, oui à un revenu de base universel et inconditionnel ! » conclut Arthur.

En conclusion, 

Transformer un découvert en crédit, cela revient en réalité à transformer un droit d’usage en dette, et une facilité en faute.
Mais tant que la précarité du quotidien sera la norme pour une partie de la population, aucune directive ne réglera le problème de fond : le manque de sécurité financière. 

C’est pour cela que le MFRB s’engage à défendre un filet de sécurité sociale et financière minimal. En défendant le revenu de base, le MFRB propose une autre voie qui est celle de la confiance, de la stabilité et de la liberté.