Derrière le mot d’ordre des « Bloquons-Tout », on retrouve des personnes et des histoires différentes et un même rêve : vivre mieux, travailler autrement et retrouver du sens ! Nous sommes allé⸱es à leur rencontre en manifestation à Lille et leur avons posé une seule question : « Et vous, que feriez-vous avec un revenu de base, inconditionnel et garanti à vie ? » Leurs réponses bousculent les idées reçues…
10 septembre.
La date était sur toutes les chaines. Tout le monde attendait les Bloquons-Tout !
Si leurs revendications ne sont pas unanimes, un mot d’ordre les réunit :
NON au budget Bayrou qui gèle les aides et nous fait travailler gratuitement… sans rien prendre aux plus riches.
NON à l’appauvrissement massif qui sème angoisses et méfiance.
NON à la casse des services publics, notre bien commun.
NON à la guerre, civile ou extérieure…
Qui sont ces Bloquons-Tout qui sont présentés avec terreur ou mépris, comme des assoiffés de bagarre, des écervelés qui n’ont rien compris ou des faibles qui sont manipulés… ?
Nous sommes allés les rencontrer, en manif, à Lille avec cette question :
« Et vous, que ferez-vous avec votre revenu de base, inconditionnel et garanti à vie ? ».
Les réponses vous surprendront… ou pas…
Ils sont…
… étudiant.es :
A 20 ans, elle travaillerait quand même, pour être fière d’elle.
Une autre continuerait de faire du babysitting parce que, même si ça ne paye pas beaucoup, elle aime ça, et ça ne lui prend pas trop de temps pour étudier. Avec un revenu de base, elle pourrait économiser pour ses projets plus tard.
Pour celles-ci, ça leur permettrait de manger, tout simplement, parce que même le Restaurant Universitaire revient cher et qu’elles sautent des repas régulièrement. Elles pourraient aussi continuer leurs études parce que l’inscription en licence coûte cher et qu’elles ne peuvent pas aller en Master sans travailler à côté. L’une pourrait enfin prendre son indépendance car pour l’instant, elle vit encore chez ses parents. Une autre pourrait calculer moins les prix au supermarché, moins se restreindre et s’offrir plus de choses… et même peut-être partir en vacances ! La dernière dit qu’elle travaillerait moins pour s’engager plus dans l’humanitaire.
Pour lui, ça ne changerait pas grand-chose parce qu’il fait des études de mécanique et c’est sa passion qu’il continuerait de pratiquer, même s’il n’était pas payé, pour dépanner un voisin par exemple.
Elle, a tout juste 18 ans et connaît très bien l’idée, notamment par l’expérimentation en Allemagne ! Elle espère qu’on l’installera en France dès que possible pour éradiquer la pauvreté, sécuriser les gens, leur laisser choisir leur métier et leurs conditions de travail …
… jeunes chercheureuses universitaires :
Eux travailleraient encore pour l’université parce qu’ils ont choisi ce métier où ils se sentent utiles. Ils auraient quand même plus de tranquillité d’esprit et aimeraient se passer de quelques tâches administratives qui n’ont pas beaucoup de sens…
Pour lui non plus ça ne changerait presque rien car il peut choisir ses sujets d’études… mais peut-être seraient-ils moins orientés « pour faire carrière », de façon prosaïque, que par goût : une thématique qui a plus de sens même si elle est moins rentable à court terme.
Pour ce dernier, comme il est déjà engagé à la Ligue des Droits de l’Homme, il travaillerait moins pour se consacrer à d’autres causes qui lui tiennent aussi à cœur comme l’écologie ou le social.
… parents :
Elle, 34 ans, continuerait à travailler parce qu’elle aime son métier mais pas plus de 3 jours par semaine pour passer plus de temps avec ses enfants, faire des activités avec eux, même les tâches ménagères ! Elle pourrait aussi militer plus au Nouveau Parti Anticapitaliste aussi.
Lui, 42 ans, aimerait tant offrir à ses enfants ce qu’il a reçu de ses parents ! De l’argent pour le permis, la voiture, la mise en ménage… mais il n’en a pas les moyens. En couple recomposé, ils ont 6 enfants et sont limités pour les loisirs, les sorties. Il trouve injuste que ceux qui nous gouvernent se « gavent » sur ceux qui travaillent et que l’utilité est devenue de l’exploitation.
Elle, 42 ans, verrait ses conditions de vie s’améliorer avec plus de pouvoir d’achat, surtout pour les enfants ! La cantine par exemple lui coûte chère et ils sont trop « riches » pour recevoir les bourses donc les études de sa fille aînée sont difficiles à assumer.
… en emploi et ils continueront !
A 41 ans, elle continuerait à travailler parce qu’elle veut toujorus évoluer, elle trouve du challenge dans le milieu professionnel et elle aime son métier, tout simplement.
Pour lui, 35 ans, ça ne changerait rien parce qu’elle aime son métier et qu’il n’aimerait pas ne rien faire !
Elle, 29 ans continuerait à travailler pour avoir assez pour vivre car elle voit son pouvoir d’achat diminuer. Elle craint que le Revenu de Base ne suffise pas si on ne bloque pas les prix en même temps.
Lui, spontanément, ne changerait pas grand-chose à sa vie… même si son dos de 52 ans souffre beaucoup sur les chantiers des Travaux Publics. Ils attendent depuis 3 mois des ceintures qui soutiennent les lombaires alors qu’ils entendent des discours sur la sécurité tous les jours de la part de la direction ! Avant il avait le goût du travail, il se sentait utile… maintenant, il a juste mal et se sent méprisé.
Elle travaille comme éducatrice spécialisée en foyer d’urgence, donc pour la fonction publique hospitalière… et elle adore son métier qui lui apporte du sens et où elle peut agir pour déconstruire les préjugés. C’est un métier-passion et, même pendant les vacances, elle suit des séminaires sur l’éducation populaire et quand elle voyage, elle rencontre les habitants pour comprendre leur mode de vie… Elle veut toujours apprendre et pour ses 43 ans, son prochain défi, c’est la poterie !
… en emploi et ils changeront !
Pour lui, 26 ans, ça changerait tout ! Il pourrait bien vivre, rester en bonne santé, assumer ses besoins et faire plaisir à ses proches. Il travaille dans le commerce et pourrait penser à changer de secteur… mais il a encore besoin d’y réfléchir.
Elle, 57 ans, continuerait à travailler parce qu’elle a besoin de se sentir utile à la société, ça donne du sens à sa vie… mais elle arrêterait son auto-entreprise parce que c’est une trop grande charge d’organisation, c’est un poste très solitaire et elle n’a pas les compétences administratives, en prospection, en gestion… nécessaires.
Du haut de ses 27 ans, elle pourrait négocier ses conditions de travail et avoir un logement décent, mieux se nourrir aussi. Elle dénonce les différences de statuts, même dans la même branche qui crée des inégalités.
Lui adore son métier de prof des écoles et même de directeur mais à 50 ans, il constate que les tâches se sont multipliées, et pas toutes avec du sens ni des moyens (des enquêtes…). Donc il travaillerait sans doute moins pour travailler mieux et être plus au service des enfants, des familles et des collègues. Il pourrait aussi plus s’investir dans sa banque, à l’Assemblée Générale…
A 45 ans, il est président d’un club sportif et il aimerait s’investir plus dans le milieu associatif donc il travaillerait sans doute moins.
… en emploi et il arrêtera !
Lui, 32 ans, c’est sûr, il arrêterait de travailler ! Il aurait ainsi plus de temps pour s’engager dans des asso parce qu’aujourd’hui, même si ça a plus de sens, c’est trop mal payé pour en vivre.
… sans emploi et ils travailleraient !
Lui, 56 ans, récemment licencié, gagnerait du confort de vie, comme un tapis financier pour s’en sortir et même lancer son entreprise. Il se sentirait sécurisé pour oser prendre des risques. Comme certains emplois sont sous tension, c’est un risque de le perdre brutalement, un revenu de base « adoucirait la chute ».
… jeunes retraité.es.
Elle, tout juste 60 ans, se sentirait plus en sécurité, surtout pour faire face aux charges en fin de mois. Elle aimerait découvrir plein de choses mais la culture et l’art sont trop chers, par exemple un atelier poterie qu’elle ne peut pas se permettre.
Lui aussi est récemment pensionné comme disent les Belges, de l’industrie. Et c’est sa première manif de toute sa vie ! Mais « il est temps », dit-il. Il veut rester utile et avoir sa place dans la société, alors il accompagne ses collègues actifs. Il s’étonne des salves de gaz lacrymo alors que le cortège est paisible et chantant… et finit par les compter comme des médailles.
Sont-ils vraiment différents de nous ces Bloquons-tout ?
Et vous ? Que ferez-vous avec votre Revenu de Base inconditionnel et garanti à vie ???
Suivez nos aventures sur le site revenudebase.info ainsi que les vidéos des Etats Généreux du Revenu de Base et le projet : « Un RB en 1 quinquennat » pour les prochaines présidentielles !
Les militants lillois, association Pour un Revenu Universel Nord, affilié au MFRB