La naissance du Tour de base

Texte envoyé au MFRB pour présenter son projet par Léna Le Guay, sa créatrice

“Je suis née quelques années après le tour du monde en vélo de mes parents, voyage qui a duré 3 ans. J’ai donc grandi avec le récit de cette formidable leçon d'humanité, avec cette soif de découverte du monde et de ses habitants. De là, dès 15 ans, j’ai pris mon vélo vers l’Espagne, l’Allemagne et l’Angleterre, seule ou accompagnée. J’ai alors découvert à mon tour les bienfaits de ce moyen de déplacement  où tout nous touche et nous englobe.

Les cinq sens sont en éveil : les odeurs et les sons alentours, les paysages qui défilent, le vent, la pluie, le soleil sur le visage, le goût de sa propre sueur, le corps en éveil permanent… Sur la selle, nous vivons dans le plein présent, accompagnés de mille sensations. Mais surtout, la sensation de se sentir vivants. Chaque chose prend des proportions immensément belles : les paysages et les rencontres deviennent les récompenses de notre effort.

Tout nous invite à la rencontre, aucune carrosserie d’acier nous sépare du dehors et nous épousons sa vitesse : nous sommes complètement partie du paysage, du tout. Et ainsi nous sommes en contact direct avec les personnes que nous croisons :”Quelle heure est-il ?”, “Venez boire un thé !”, “Que faites vous avec tout votre attirail ?”

Et c’est particulièrement pour cet aspect là que j’ai choisi le vélo comme moyen de déplacement pour ce projet. Pour être complètement présente, consciente de ce qui m’entoure, et être à  l'écoute des autres.

L'idée d'un revenu de base n'est pas nouvelle. Ses prémices datent environ du 17éme siècle. Depuis, le débat n'a cessé d'avancer et nous pouvons noter son évolution puisque le revenu de base apparaît aujourd'hui dans le programme de certains politiciens

Cependant, encore beaucoup de personnes n'en ont jamais entendu parler, ne connaissent pas ses principes et ses possibles, ou alors en ont vaguement entendu parler et portent sur lui un grand nombre de préjugés.
Il est alors nécessaire d'informer la population de cette idée émancipatrice qu'est le revenu de base, d'élargir ses fronts et ses terrains d'actions, et de la placer au cœur du débat public (et non un débat réservé à quelques élites politiques et intellectuels), avant d'espérer une mise en application. .

C’est de là qu'est née mon idée de traverser la France à vélo pour promouvoir le revenu de base. Le moyen de déplacement intriguant qu'est le vélo symbolise une mobilisation forte, directe sur le terrain, qui implique autant le corps que l'esprit. Une mobilisation entière de sa personne, pour soi et vers les rêves qu'on porte en soi, mais aussi pour les autres et vers les autres, dans un monde où tout se fait sur ordinateurs et bases de données. En d'autres termes, une mobilisation entière et inconditionnelle vers les autres et vers les rêves d'avenir.

Cette idée m'a été en partie inspirée par Flora Tristan, grande militante politique et féministe qui avait parcouru toute la France sous la monarchie de Louis-Philippe pour aller à la rencontre des ouvrier.e.s et leur faire découvrir les prémices de ce qui sera plus tard le droit du travail et le droit des femmes. C’est l'idée d'éveiller les possibles et les paroles, de faire des propositions sur un avenir meilleur, et de toucher le maximum de monde dans cette démarche pour que la décision vienne du bas et non du haut”.

PS : merci à Isaline Moulin d’avoir tout de suite cru en mon projet et pour tout son travail visuel autour du tour de base