LaPrimaire.org est une nouvelle expérience démocratique, organisée pour faire émerger de nouvelles personnalités aux élections. Plusieurs de ces candidats parlent du revenu de base. Tour d’horizon.

Alors que le débat sur le revenu de base bat son plein au sein des partis traditionnels, les candidats encore en lice sur la plateforme LaPrimaire.org entrent dans l’arène et se positionnent eux aussi sur le sujet.

Notre futur Président de la République peut-il être issu d’une initiative citoyenne ? C’est en tout cas l’ambition du site LaPrimaire.org qui se présente comme une alternative aux partis classiques. Lancée en avril 2016, l’objectif de la plateforme est de proposer un candidat de la société civile à l’élection présidentielle. L’ouverture des candidatures a suscité un vif engouement : plus de 200 personnes ont déposé un dossier. Mais pour être retenu, il fallait être soutenu par un minimum de 500 personnes. Seuls 16 candidats ont réussi à passer cette étape.

Il reste dorénavant douze candidats (quatre candidats ayant choisi de se retirer). La majorité d’entre eux sont favorables à l’idée du revenu de base, et même ceux qui ne sont pas encore convaincus par le concept se sont positionnés sur la question. Le revenu universel est devenu un thème incontournable pour construire un programme complet.

  • Nicolas Bernabeu, un citoyen lassé des promesses politiques et des mesures sans effets, a décidé de prendre les choses en main en postulant à LaPrimaire.org. « Jamais la population n’est consultée sur les politiques qui sont menées dans le pays. On ne fait que subir les décisions de personnes déconnectées de la réalité. Pourtant, chacune de ces décisions impactent nos vies […] Pour une fois qu’on laisse l’occasion à chaque citoyen de pouvoir s’exprimer en matière politique, j’ai sauté sur l’occasion représentée par laprimaire.org », déclare-t-il. Le revenu de base ? il en fait le pilier de son programme : « Plus qu’un choix, c’est une nécessité. Le système actuel de protection sociale est de moins en moins protecteur à mesure que les déficits se succèdent. Beaucoup de ressources publiques sont gaspillées dans un système où cohabitent une centaine d’allocations et autant de taxes pour les financer. » Il fait d’ailleurs une proposition de revenu citoyen universel (RCU) qui pourrait selon lui être rapidement mise en place. Une belle façon d’apporter de la clarté dans un débat qu’il juge mou et sans vision. Dans le détail, il propose un RCU à trois niveaux : un RCU socle de 850 € par mois pour la population générale, apte à travailler, un RCU bonifié de 1200 € par mois pour les personnes en incapacité de travailler pour cause de maladie ou de handicap et un RCU retraite à partir de 62 ans garantissant les retraites actuelles et assurant une pension minimale de 1200 euros par mois pour les plus modestes. Selon ses calculs, sa proposition devrait coûter 653 milliards d’euros financés par une taxe de 25 % sur la valeur ajoutée brute et le reste par l’État. En contrepartie, l’ensemble des prestations sociales disparaissent, mais également les charges sociales qui pèsent fortement sur le coût du travail. Concernant le risque maladie, il évoque une prise en charge des frais de santé dont le montant des dépenses est supérieur à 400 € par l’Etat. Il motive d’ailleurs l’urgence de bouleverser le système social par l’obsolescence du système existant : « Le système actuel de protection sociale a le tort de baser son financement principalement sur le travail. L’instauration de la CSG dans les années 90 a voulu rééquilibrer cela mais insuffisamment. Le coût de l’emploi est si élevé qu’il fragilise aussi le système de redistribution sociale. »
  • Charlotte Marchandise en a également fait un des axes majeurs de son programme. Elle perçoit le revenu de base comme un enjeu féministe, mais également comme une réponse à de nombreuses situations individuelles concrètes : « C’est une question essentielle pour moi depuis longtemps. D’abord en tant que femme, que mère : le revenu de base comme un enjeu féministe. J’ai vécu des périodes de chômage, et aussi une période seule avec mes enfants : toucher l’allocation parent isolé, cela sauve mais socialement c’était difficile. J’ai aussi accompagné beaucoup de personnes avec des bas revenus ou aucun revenu, parfois jusque dans leurs démarches administratives. D’autre part, pour m’être engagée depuis des années dans le monde associatif puis depuis deux ans en politique, concilier le professionnel avec des projets, c’est compliqué et cela peut être risqué financièrement. Le revenu de base répond à tous ces enjeux. » Elle n’a pas encore élaboré de proposition détaillée, car elle croit en la construction collective d’un tel projet. Convaincue par la définition du Mouvement Français pour un Revenu de Base (revenu de base inconditionnel, universel, individuel, inaliénable), elle souligne que cette réforme nécessitera une réforme globale de la fiscalité. Elle pense qu’il pourrait être possible de renoncer au revenu de base, pour « remettre au pot commun ». Elle souhaite que les enfants puissent disposer d’une partie du revenu de base et réfléchit à la possibilité qu’une partie, voire la totalité du revenu de base puisse être donnée en monnaie complémentaire. Elle va continuer à approfondir le sujet, en contact étroit avec des membres du MFRB.
  • Le revenu de base ne figurait pas au départ dans le programme de Thomas Nonnez, mais il a été séduit par l’idée après avoir échangé avec Nicolas Bernabeu. Il s’interroge encore sur la pérennité du financement mais est très intéressé par l’idée de le verser en monnaie complémentaire.
  • Michaël Pettini propose 1000 € par citoyen français et 100 € par enfant (seulement pour les 3 premiers enfants). Le revenu de base serait versé sur un compte en France avec la signature d’un contrat citoyen et l’obligation de résider en France au minimum 6 mois et 1 jour par an.
  • Régis André se positionne sur une ligne libérale très affirmée. Il souhaite la mise en place d’un revenu universel remplaçant toutes les allocations et propose une majoration pour les personnes en situation de handicap.
  • Ariane Vitalis est résolument pour l’instauration d’un revenu de base inconditionnel, sans avoir pour le moment détaillé les modalités pratiques de mise en place.
  • Jean-Michel Billaut est également pour l’instauration du revenu de base, justifié selon lui par la montée en puissance des nouvelles technologies.
  • Roxane Revon avait, au début de l’aventure, mis le revenu de base dans son programme, mais s’est progressivement mise à douter, en se demandant si ce n’était finalement pas une solution trop simple, trop évidente. Elle présente l’état de sa réflexion dans un article où elle se prononce pour une universalité des droits. Les mesures qu’elle y propose ne s’opposent en aucun cas à la mise en place d’un revenu universel. Très ouverte à la discussion, elle va continuer à s’intéresser au sujet, en lien direct avec le MFRB.
  • Philippe Mazuel n’est pour le moment pas encore convaincu par le revenu de base. Nous le remercions néanmoins de la réponse complète qu’il a réalisé en retour à nos sollicitations. Peut-être que cet européen convaincu s’intéressera-t-il plus tard à l’idée d’un revenu de base européen ? L’avenir nous le dira.

Les autres candidats (Michel Bourgeois, Jean-Marc Fortané et Daniel Bussard) ne se sont, sauf erreur de notre part, pas encore prononcés sur la question. Ils auront l’occasion de le faire lors d’une grande soirée, le samedi 22 octobre à Paris.

LaPrimaire.org : Pour un vrai choix en 2017

Dans un climat de défiance envers les politiques, les citoyens réclament un renouveau des personnes mais également des idées. C’est justement le point d’excellence de cette initiative citoyenne. Des candidats inconnus, n’ayant jamais été élus, avec des propositions fortes et novatrices. 

On ne doit pas être considéré comme un petit candidat quand on a de grandes idées.

— Nicolas Bernabeu

Le candidat Nicolas Bernabeu souhaite d’ailleurs dénoncer la difficulté qu’ils ont pour se faire connaître des citoyens : « Je demande aux gens de considérer avec sérieux les propositions des petits candidats. Il y a beaucoup de talents non reconnus dans le pays. Les candidats professionnels ne sont pas à leur place pour leurs talents de gestionnaire, ils ont juste l’avantage d’avoir accès aux médias. On ne doit pas être considéré comme un petit candidat quand on a de grandes idées. »

Si vous voulez participer à cette nouvelle expérience démocratique et soutenir un candidat, il est encore temps de s’inscrire. Au sein du MFRB nous allons suivre cela de près, en souhaitant bonne chance à l’ensemble des candidats. Vive la démocratie !

Steven Vermet & Valentin Guillaume


Illustration : LaPrimaire.org