Les réponses d’un membre du MFRB – Mouvement Français pour un Revenu de Base, à quelques réflexions de Manuel Valls lors du débat des Primaires de Gauche face à Benoit Hamon, le 25 janvier.

VALLS : “Les français demandent à travailler davantage !” :

Réponse : NON, les français demandent à avoir une meilleure qualité de vie !

Léon Trotsky, écrit en 1938 que “le droit au travail est le seul droit sérieux que l’ouvrier ait dans une société fondée sur l’exploitation.” Le droit au travail est donc lié à la société d’exploitation. Voulez-vous rester fondé sur l’exploitation ou aller vers une société fondée sur l’être humain ?

Les français demandent avant tout d’avoir des moyens suffisants pour vivre dignement et on leur fait croire que ce n’est que par plus de temps de travail qu’il leur sera possible d’acquérir ces moyens. Cependant, c’est au niveau qualitatif que cela se joue. Les français demandent à pouvoir avoir une activité plus valorisante et/ou mieux rémunérée. Ils veulent pouvoir avoir un temps de travail, une intégration sociale ET un temps pour soi ET les moyens d’en profiter, ce qui aujourd’hui en France (5ème puissance économique mondiale) est réalisable avec une meilleure répartition des richesses et du temps de travail.

VALLS : “La gauche, c’est le travail, c’est la création de richesses” :

Réponse : Les richesses, ça n’est pas que la richesse matérielle. Nous sommes arrivés à un stade ou nous avons suffisamment de valeurs matérielles pour satisfaire les besoins essentiels de chacun en France. La forme actuelle de la richesse, c’est la richesse intellectuelle. Pour l’acquérir, il faut du temps et donc l’assurance que les besoins matériels de base seront satisfaits. Un revenu de base suffisant permettra cela.

VALLS : “Le revenu universel va mettre en danger la sécurité sociale” :

Réponse : Il n’est pas question de toucher à la Sécurité Sociale qui est la particularité française la plus enviée par toutes les classes moyennes et pauvres dans le monde. Le revenu de base, c’est l’étendre vers une “Sécurité Sociale Universelle” qui permettra de satisfaire à l’article 25 de la Déclaration Universelle des Droits Humains de 1948 :

Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, les soins médicaux, le logement ainsi que pour les services sociaux nécessaires.

VALLS : “Pour la santé, il faut mettre plus de moyen dans la prévention” :

Réponse : Les expérimentations du revenu de base au Canada à Winnipeg et Dauphin, entre 1974 et 1979 ont démontré une amélioration de l’état de santé de la population participant à l’étude : le taux d’hospitalisation à chuté de 8%.

Nous pouvons anticiper une baisse du stress dû au travail (burn out et autres maladies liées) ainsi qu’une amélioration de l’hygiène de vie, notamment par la pratique d’une activité physique, même légère, ainsi qu’un accès à une alimentation mieux choisie.

Sur des populations pauvres comme en Inde, le rapport des expérimentations menées de 2011 à 2012 présente une nette amélioration de l’état de santé : augmentation des dépenses alimentaires (davantage d’œufs, de viande et de poisson) et des dépenses médicales ainsi qu’une hausse des investissements dans leur habitat (sanitaires, eau courante). Les tests montrent que leur niveau d’anxiété diminuait de 13,4%.

VALLS : “L’éducation est aussi une valeur très importante” :

Réponse : Au niveau de l’éducation,les jeunes sont dans une dynamique d’apprentissage sereine quand ils sont assurés de ne pas subir de manque sur leurs besoins essentiels ou de peser sur leurs familles.

Les expérimentations du revenu de base au Canada ont démontré une hausse des études : la tendance à poursuivre des études après le lycée est plus élevée. Les expérimentations sur des populations plus pauvres comme en Inde et en Namibie ont aussi conclu à une baisse de l’absentéisme à l’école, une augmentation de la scolarisation de 92%, une amélioration de l’éducation parentale et une diminution des redoublements au lycée. Les résultats scolaires des enfants se sont améliorés dans 68 % des familles et l’on a constaté une hausse de l’assiduité à l’école : elle a quasiment triplé.

VALLS : “Je ne crois pas à la fin du travail, il faut accompagner la mutation du travail.” :

Réponse : NON, nous ne vivons pas la fin du travail. OUI, c’est une mutation. Nous passons de plus en plus d’un travail rémunéré à un travail collectif souvent non-rémunéré (quelques exemples : les caisses électroniques dans les supermarchés, les démarches administratives via internet, porter ses poubelles aux “Points d’apport volontaire” …).

Encore plus qu’à la mutation du travail, nous arrivons à une mutation de la production. La production matérielle se fait plus aisément par des robots et tant mieux pour l’allègement de la pénibilité. Nous arrivons maintenant vers une société de production intellectuelle donc moins quantifiable car la production intellectuelle se multiplie quand elle se partage. Impossible de la quantifier matériellement, ici vient la valeur-Temps dont parlait l’économiste Yoland Bresson. C’est cette valeur-Temps que le revenu de base universel se propose de reconnaître.

VALLS : “Un coût exorbitant pour la société. Combien ça coûterait ? 300 – 400 milliards ?” :

Réponse : Donner à chaque Français les moyens de vivre décemment sans contrepartie, c’est un vrai choix politique. Ce n’est pas une dépense, c’est un investissement. Les français utiliseront cet argent et le feront retourner vers les caisses de notre communauté politique. l’Etat récupérera son investissement et même plus en ouvrant la porte à la création qui sortira de l’esprit des français libérés des contingences matérielles. C’est un choix dans ce que nous souhaitons ensemble. Exploitation ou émancipation.

Mais tout d’abord, il faut enlever de ce calcul les 60% de français qui gagnent + de 2000€/mois car il reverseront le revenu universel par un impôt proportionnel lié à sa mise en place. Pour eux, l’opération ne rapportera pas de revenu supplémentaire.

Pour la tranche moyenne, pas d’impôt supplémentaire puisqu’il sera compensé par le revenu universel.

Pour les 40 % de français qui bénéficieront d’une amélioration de revenu avec le revenu universel, il reste 182 milliards/an à trouver, soit 15,1 milliards/mois.

Voici trois exemples de financement :

1) L’évasion fiscale => 590 milliards d’euros, c’est l’ensemble des avoirs français dissimulés dans les paradis fiscaux (source : Alternatives-économiques.fr)

2) Les amendes dues par la grande distribution => 418 milliards d’euros, c’est le montant des infractions des grandes surfaces (source : parlement-et-citoyens.fr)

3) Le montant total des paiements scripturaux en France en 2016 (virements, chèques, prélèvements, CB, transactions financières) s’élève à 28 505 milliards d’euros. Taxé à 1 % = 285 milliards d’€ (source : Fédération Bancaire Française – fbf.fr) Cette taxe réglerait le sujet des Uber, AirBnB, Amazone, etc… qui ne payent aucune taxe sur leurs transactions.

Vous touverez d’autres propositions de financement sur le site revenudebase.info

Pour conclure : partage du travail, création de richesses, Sécurité Sociale, santé, éducation… le revenu de base universel est un levier d’action pour ces thèmes chers à la gauche. C’est un choix d’investissement, un investissement sur tous les citoyens, pas seulement sur ceux qui ont déjà suffisamment, voir bien plus…

Oui, Monsieur Valls, le revenu de base universel vient nous permettre de travailler mieux qualitativement en complétant la Sécurité Sociale. Le revenu de base la rend Universelle afin de permettre à notre pays, 5ème puissance économique, de prendre son essor avec chaque citoyen. La France continue à être le pays des Droits Humains en action et cette sécurité inconditionnelle, garantissant l’égalité d’un socle commun, permettra un épanouissement dans notre chère devise : Liberté – Egalité – Fraternité.


Photo : 20minutes, Bertrand Guay.