Dimanche #41 mars, place de la République à Paris. Ce 10 avril, des militants du MFRB, du Réseau Salariat, de la CGT et Baptiste Mylondo étaient côte à côte pour parler revenu de base et salaire à vie devant plusieurs centaines de personnes. Un moment exceptionnel d’éducation populaire rendu possible par #NuitDebout. Né dans l’opposition à la loi El-Khomri, ce collectif citoyen mulitplie depuis les mobilisations citoyennes à Paris ainsi que dans plusieurs dizaines de villes en France.

Nuit Debout #41 mars
La journée avait commencé dès 9 heures avec la mise en place d’un stand et du Mur des 1 000 boules.

Emploi, logement, réfugiés, féminisme, démocratie participative, constitution… Autant de sujets, de préoccupations et de valeurs qui sont débattus chaque jour et chaque nuit place de la République depuis le 31 mars. Un témoignage des préoccupations réelles des citoyens, débattues en direct sans aucun filtre médiatique. À l’heure des Panama Papers, les institutions, en particulier les partis politiques, semblent en effet ne plus inspirer trop confiance à beaucoup.

#MFRB Debout

Ce #41 mars (acceptons ce nouveau calendrier !) une vingtaine de membres du MFRB venus de Paris, de l’Essonne, du Val-de-Marne, mais aussi de Nancy, Reims et Nantes, s’étaient donnés rendez-vous place de la République pour participer à cette première journée de convergence des luttes. Dans une ambiance plutôt fraternelle avec les partisans du salaire à vie, questions et réponses se sont succédées avec les passants tout au long de cette belle journée de printemps. Une conférence a été tenue conjointement par le MFRB, le Réseau Salariat et Baptiste Mylondo. 

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Des échanges riches et animés qui ont aussi permis à Aurélie Hampel, membre du MFRB, de répondre aux questions de TV Debout sur le revenu de base.

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Des ateliers, co-animés par les membres du MFRB et du Réseau salariat ont permis à plusieurs centaines de personnes d’échanger sur le revenu de base, le salaire à vie… et aussi sur des questions connexes liées au travail bien sûr, mais aussi à l’éducation, à la société de consommation, à l’égalité des chances, au temps libre, et bien d’autres sujets de société révélateurs des préoccupations citoyennes actuelles. En fin de journée, un débat mouvant a permis de confronter des affirmations : « Les sans-emplois sont actifs » et« Les syndicats ont pour but de protéger l’emploi ». Une forme de débat ludique qui laisse place aux arguments de chacun et permet au plus grand nombre de s’exprimer.

Conférence sur le travail, le revenu de base et le salaire à vie

Voir ici une vidéo de l’ensemble de la conférence captée par un internaute.

En début d’après-midi, c’est Nicole Teke, coordinatrice internationale du MFRB et membre du bureau du Réseau européen pour le revenu de base (UBIE) qui a introduit la conférence en présentant le MFRB, le revenu de base et les avancées de notre proposition en Europe et dans le monde. L’occasion d’évoquer la votation suisse prévue le 5 juin prochain, le cas si médiatisé de la Finlande dont le gouvernement a prévu de lancer une expérimentation sur deux ans d’ici 2017, ainsi que les projets-pilotes annoncé dans une vingtaine de municipalités aux Pays-Bas. Il fut aussi questions des expérimentations annoncées dans l’Ontario au Canada, ou déjà en cours au Brésil, en Namibie et en Inde, où les résultats ont été plus que probants en terme de santé, de scolarisation, d’émancipation féminine ou encore de relance de l’activité économique. Un rappel aussi sur le projet d’expérimentation voté en Aquitaine ou surle projet d’éco-village Tera, pour n’en citer que deux.

Nicole Tecke
Première intervenante de la conférence, Nicole Teke présente le revenu de base.

Membre de la CGT, journaliste et auteur du livre Coopératives contre capitalisme, Benoît Boritz a présenté des exemples d’entreprises auto-gérées par les salariés sous formes de coopératives (SCOP), des entreprises dirigées par leurs propres salariés. Une forme d’organisation en fort développement depuis 2010, un grand nombre entreprises en difficultés ayant choisi de passer à ce mode de fonctionnement qui offre une grande capacité d’adaptation aux évolutions du contexte économique que n’ont pas toujours les entreprises classiques.

Au sein des SCOP, transparaît souvent le souhait d’intégrer des problématiques écologiques dans leur production et leur fonctionnement au quotidien. Depuis 2013, le taux de croissance des SCOP est considérable. 51 000 personnes travaillent aujourd’huidans ces entreprises qui, via une plus grande flexibilité de décisions, ont une grande capacité d’adaptation aux évolutions du contexte que n’ont pas toujours les entreprises classiques.

L’augmentation de la part des salaires dans la valeur ajoutée ou la réduction du temps de travail ont été évoquées, ainsi que la nécessité de droits nouveaux pour le salarié dans l’entreprise afin d’échapper au chantage à l’emploi.

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Baptiste Mylondo présente “sa” Loi travail.

A la suite, Baptiste Mylondo, membre d’Utopiaenseignant en économie et philosophie politique, a présenté une contre-proposition à la loi El-khomri, constituée de cinq articles :

Article 1 : Reconnaître le travail de tous en donnant à chacun les statuts de producteurs et de contributeurs, qu’il soit chômeur ou travailleur, actif ou considéré comme inactif.

Article 2 : Libérer le travail face au carcan de l’emploi. « Nous travaillons tous bénévolement quotidiennement dans une grande association que l’on appelle la société », a expliqué Baptiste Mylondo qui a inviter à partager le cas du joueur de belote à lire ici.

Article 3 : Instaurer un revenu de citoyenneté suffisant d’un niveau équivalent au seuil de pauvreté calculé à 60% du revenu médian, soit 1000 €. 

Article 4 : Mettre en place un modèle de travail coopératif pour nous libérer de l’emprise capitaliste et de l’exploitation.

Article 5 : Libérer nos vies de l’emprise temporelle du travail en opérant une réduction du temps de travail et en créant droit inconditionnel au temps partiel choisi,

Pour clore sa présentation, Baptiste Mylondo a précisé l’objet de ses réflexions et proposé ce qui pourrait être une première réforme à associer à la mise en place d’un revenu de base :

« Je parle d’un revenu suffisant, pas de revenu minimum. D’un espace d’inégalités acceptables. D’échapper à la pauvreté, à l’exploitation, et de créer une société où tout le monde puisse participer à la vie démocratique. Je suis également pour imposer un rapport de 1 à 4 entre le montant de revenu le plus faible et celui du revenu le plus élevé ».

Revenu de base ou salaire à vie ?

Enfin, Stéphane Simard, membre du Réseau Salariat, a présenté le projet de salaire à vie. Versé toute la vie à partir de 18 ans, ce salaire à vie s’appuie essentiellement sur l’évolution de salariat au cours du XXe siècle, principalement par la création du régime général de Sécurité Sociale en 1945. Son montant pourrait progresser par validation de qualifications – par rapport à la contribution de la personne au bien commun dans les années précédentes. Ce salaire à vie serait un droit attaché à la personne – comme c’est la cas actuellement dans la fonction publique – et non au poste de travail, ce qui détache le travailleur du chantage à l’emploi.

Le financement passerait par une refonte du système de cotisation (Voir ce Mooc pour en savoir plus). Chaque entreprise cotiserait 60% de sa valeur ajoutée à la caisse des salaires, soit les même 1 250 milliards actuellement versés pour les salaires, et une autre partie serait versée à une caisse d’investissements qui serait consacrée au financement des projets, en alternative aux emprunts bancaires.

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Convergence des luttes

A l’issue de cette journée à nous côtoyer et à échanger entre partisans du salaire à vie, du revenu de base et syndicalistes, nous constatons que nous partageons des constats et des modes de pensée proches. Les évolutions du travail sont de plus en plus difficiles à vivre pour le citoyen. La dissociation du revenu du travail, le détachement du travail et de l’emploi, la nécessité de faire évoluer lien de subordination au travail, la volonté de reconnaître la contribution de chacun au bien commun, la reconnaissance de l’utilité sociale, l’intérêt commun pour les initiatives de type SCOP, certaines pistes de financements via une augmentation des cotisations sociales… Autant de points sur lesquels nous pouvons facilement nous accorder et agir ensemble. Bien entendu, des divergences perdurent, car revenu de base et salaire à vie sont différents, mais la journée était bien une convergence des luttes !

Nuit Debout #41 mars
A 20h30, la journée se termine, nous remballons.

Un grand merci à tous les membres du mouvement qui se sont mobilisés pour aller à la rencontre des manifestants, intervenir devant un public, participer à la mise en place, répondre aux interviews, animer des ateliers, filmer la conférence… à Marie-Laurence pour avoir filmé les conférences et à toutes et tous les bénévoles présents.

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Sur le site de Nuit Debout, retrouvez la programmation des rassemblements prévus dans toute la France. Cliquez sur la carte.

Photos : Aurélie Hampel / MFRB – Licence CC-BY-NC.