L’Europe doit montrer une réelle solidarité avec la Grèce. UBIE, réseau européen pour un revenu de base, demande que s’applique à l’échelle européenne un revenu citoyen pour protéger les plus vulnérables.

Cet article est la reprise d’un communiqué de presse publié par UBIE (Unconditional Basic Income Europe), le réseau européen auquel le MFRB est affilié. Il a été initialement publié en anglais le 11 août dernier.

Le nouvel accord de renflouement entre la zone euro et le gouvernement grec semble faire l’unanimité sur un point : personne ne pense que ça va fonctionner. Dans ce contexte d’incertitude permanente, UBIE rappelle aux dirigeants de l’Union européenne leur responsabilité envers les citoyens grecs qui souffrent le plus de la politique d’austérité et sont donc susceptibles d’être les plus durement touchés par de nouvelles réductions budgétaires. Nous demandons que s’applique à l’échelle européenne un revenu citoyen pour protéger les plus vulnérables.

Cinq cent millions de citoyens européens ont de bonnes raisons de s’interroger aujourd’hui. Dans quelle Europe vivons-nous ? Pourquoi nos gouvernements mettent-ils tant d’efforts et d’argent pour sauver les banques et des projets institutionnels qui semblent bien abstraits ? Alors que la souffrance des personnes, bien réelles, semble considérée comme un simple « dommage collatéral ».

Démontrer que l’Union européenne est une communauté de solidarité

Comme le souligne Antonis Triantafyllakis, membre de l’Initiative grecque pour un revenu de base : Au cours des six dernières années, les citoyens grecs ont connu une baisse sans précédent de leur niveau de vie. Le nouvel accord avec les créanciers est largement perçu comme un chantage politique qui va approfondir la crise humanitaire déjà grave sans apporter la moindre perspective d’amélioration économique pour les années à venir. Si l’Union européenne n’est pas capable d’offrir un autre horizon qu’une austérité perpétuelle aux pays membres qui éprouvent des difficultés, personne ne devra être surpris que l’enthousiasme des gens pour l’intégration européenne disparaisse très vite. Si l’on souhaite que l’idée européenne survive et si l’on veut empêcher que les mouvements nationalistes, xénophobes et anti-européens progressent, il est essentiel de démontrer que l’Union européenne est une communauté de solidarité dans laquelle tous les citoyens ont le droit d’être protégés.

Cela signifie qu’en Grèce – ainsi que dans d’autres pays touchés par la crise – il nous faut assurer des conditions de vie décentes à tous. Quand un État est contraint de réduire ses dépenses sociales parce qu’il risque de se trouver en défaut de paiement, c’est à la fois une prudence économique et un impératif moral que de mettre en place un mécanisme européen permettant d’assurer des conditions de vie décentes aux citoyens si cet État national n’en est plus capable.

Pour ce faire, le meilleur modèle serait l’instauration d’un revenu de base inconditionnel à l’échelle européenne. Financé par tous les états membres en proportion de leur PIB, ce revenu de base constituerait en premier lieu un filet de sécurité pour tous les citoyens européens. Il deviendrait également un stabilisateur automatique face aux déchirements qui menacent l’intégration économique et monétaire. Sinon, la solidarité européenne, qui semble déjà bien malmenée, risque d’être détruite à jamais.

La situation grecque le démontre sans détour. Face à une crise de la dette publique, les instruments de préservation sociale ne fonctionnent plus. Si secteurs public et privé sont obligés de couper les vivres en licenciant un grand nombre de salariés, le seul filet de sécurité fiable est un modèle global capable de fournir à tous le minimum pour survivre. Un tel système peut soutenir la demande interne et faciliter une reprise économique rapide.

Un revenu de base serait bien plus efficace que les autres outils de compensation que sont un revenu minimum ou les prestations de chômage. Et parce qu’il se veut universel, le revenu de base n’a pas à craindre la faiblesse d’une administration, le clientélisme et la corruption.

Il est grand temps que les dirigeants européens sortent de leur obsession pour le marché et les banques. Leur responsabilité fondamentale est de protéger les citoyens quand ils en ont besoin. Et ce faisant, ils rendront aux européens leur affection pour l’Europe.

Article original sur le site de UBIE.
Traduction : Pierrick le Feuvre.
Photo : Gone with the wind… Theophilos Papadopoulos – Flickr – Licence CC